Mort de Johnny Halliday
La mort de Johnny Halliday est un évènement qui provoque une grande émotion dans de larges couches populaires. Incontestablement, il a marqué pendant plus de cinquante ans la chanson française, s’adaptant à l’évolution des goûts et dominant la scène du music-hall et des concerts musicaux de masse. Tout comme à son époque Edith Piaf, il est une des vedettes de la chanson dont le décès marque une rupture dans ce domaine.
Pour autant, le Parti Communiste Révolutionnaire de France ne saurait taire son indignation pour l’opération de récupération de l’émotion populaire par le gouvernement. Malgré toute l’importance que l’on peut donner à l’événement, il est particulièrement scandaleux qu’une radio comme France-Info ait pratiquement évacué tout autre nouvelle le jour de sa mort, et que les différents moyens d’information lui aient donné une place pour le moins excessive par rapport à la vie politique, et en relation avec l’évolution de la situation internationale.
Le gouvernement cherche manifestement à utiliser la mort de Johnny Halliday pour une opération « unité nationale ». Que le PCF et la France Insoumise se soient, par l’intermédiaire de leurs groupes parlementaires à l’Assemblée Nationale, prêtés à ce jeu en dit long sur le fait qu’ils ne constituent ni l’un ni l’autre ce dont ont besoin les travailleurs pour se défendre contre l’offensive de la bourgeoisie en cours ! Il y a plus grave. À un moment où, au nom de la sécurité, les restrictions de la liberté de manifestation sont permanentes contre le mouvement syndical, il est fait la démonstration qu’il s’agit bien de mesures liberticides puisque rien ne s’oppose à un défilé sur les Champs Élysées ! Et pourquoi les interdire aux travailleurs qui manifestent pour leurs droits ? Mais surtout, nous assistons à une nouvelle violation de la loi de séparation de l’Église et de l’État, puisque le président de la République doit prononcer comme tel, une intervention (fût-elle brève) dans le cadre d’une cérémonie religieuse. Ici, apparaît bien le caractère manœuvrier d’une opération récupératrice de l’émotion populaire pour faire avancer les sales desseins des forces les plus réactionnaires de ce pays, à laquelle s’est ralliée, comme dans une période passée plus dramatique (1940), l’essentiel de la social-démocratie.
L’émotion que l’on peut ressentir pour le décès d’une vedette de la chanson qui a accompagné la jeunesse de chacun, y compris quand c’était imposé par l’industrie du show-biz, ne saurait faire taire l’esprit critique nécessaire devant l’utilisation par le pouvoir des monopoles capitalistes de cette émotion.