
Communiqué sur les transféminicides
Ci-dessous communiqué du site de l’Union de la Jeunesse Communiste (UJC). Vous pouvez retrouver le communiqué sur le site internet de l’Union de la Jeunesse Communiste (UJC) ici.
Rappelons que les transféminicides ne sont pas des actes isolés, faits “d’individus isolés”, et que la violence transphobe ne disparaîtra pas comme par magie si ceux-ci venaient à être condamnés : la transphobie, comme toutes les formes de LGBT+phobies mais aussi le sexisme et la misogynie, est le fait du capitalisme, en particulier lorsqu’il est en crise. Ces formes d’oppression et leurs conséquences, comme les transféminicides, se produisent également dans les grandes puissances de l’impérialisme comme en France.
Ce mois des fiertés commençant verra certaines institutions étatiques et certains pans de la bourgeoisie soutenir de manière hypocrite la communauté LGBT+ et dénoncer cette transphobie en tentant de faire croire que cette violence est possible à gommer sous le capitalisme par la lutte institutionnelle. Ils tentent de dépolitiser et d’édulcorer notre lutte alors que nos vécus sont révolutionnaires et remettent de fait, en cause, la famille nucléaire hétérosexuelle et les stéréotypes de genre, nécessaires à la survie du capitalisme en tant que vecteurs de la division genrée du travail et de la surexploitation du travail reproductif.
Oublier que nos vécus sont révolutionnaires nous rend de fait plus fragiles face à leurs attaques et leurs violences. Commémorons la lutte révolutionnaire à l’origine du mois des fiertés, la révolte de Stonewall, qui, rappelons-le, a été initiée par des femmes transgenres et des femmes lesbiennes en réaction à des violences policières LGBT+phobes soutenues et organisées par l’État capitaliste.
Face à toutes les formes de violences et d’oppressions contre les personnes LGBT+ : accusons et attaquons le capitalisme ! La classe capitaliste cautionne et orchestre les LGBT+phobies pour ses intérêts de classe !
Pour les femmes victimes de transféminicides, pour toutes les victimes du capitalisme : organisons la riposte !
« Le 6 avril 2025, Sara Millerey, une femme transgenre, a été violée puis assassinée dans la ville de Bello, en Colombie. Son meurtre et son agonie ont été filmés et partagés sur les réseaux sociaux, ce qui a décuplé cette violence. La veille, à Abidjan, c’est Jennifer, une réfugiée béninoise transgenre, qui a été assassinée. Ces meurtres détonnent par leur surviolence et la déshumanisation de ces jeunes femmes qui, pour le cas de Jennifer, se poursuit même après leur mort.
Le président colombien Gustavo Petro avait dénoncé “le fascisme” et la présence de “nazis” dans le pays comme la raison de cet assassinat. Cependant, la violence transphobe n’est pas le seul fait d’individus et elle ne disparaîtra pas comme par magie à la suite de condamnations et de peines pénales prononcées contre ces individus. La transphobie, comme toutes les formes de LGBT+phobies, mais aussi le sexisme et la misogynie, est le fait du capitalisme, en particulier lorsqu’il est en crise.
Ces formes d’oppression et leurs conséquences, comme les transféminicides, se produisent également dans les grandes puissances de l’impérialisme comme en France. Elles sont propres au mode de production capitaliste, en particulier dans sa phase actuelle de l’impérialisme mondial (le capitalisme des monopoles partout dans le monde). La classe capitaliste de chaque État, via ce dernier en ce qu’il est son instrument de domination, œuvre à maintenir une division genrée rigide, notamment afin d’assurer la division genrée du travail et la surexploitation du travail reproductif, favorisant l’accumulation du capital et les profits, ainsi que la division du prolétariat au sein de lui-même entre femmes et hommes, entre personnes LGBT+ et personnes cisgenres et hétérosexuelles. En ce sens, les transféminicides font partie des violences « correctives » qui, au sein du capitalisme, servent à réassigner les personnes LGBT+ à un rôle cishétéronormé pour assurer notamment la généralisation de la famille nucléaire hétérosexuelle, qui est elle-même un garant de la division genrée du travail et de la surexploitation du travail reproductif.
En France, les médias et associations LGBT+ intégrées à l’appareil d’État français, qui ont relayé l’information sur ces assassinats, se sont empressées de dénoncer la LGBT+phobie qui existe dans ces pays, sans tenter de remonter à la cause, ni de souligner le rôle que jouent les bourgeoisies historiquement dominantes de l’impérialisme (dont la bourgeoisie française) dans l’alimentation de cette violence. Les empires coloniaux français, britanniques et espagnols, notamment, ont joué un rôle majeur dans l’implémentation des normes de genre et sexuées qui persistent dans leurs colonies actuelles ou passées sur tous les continents, réprimant toute forme de fluidité de genre ou d’existences non-cishétéronormées qui existaient dans les sociétés précoloniales.
Mais les LGBT+phobies, en tant que produits de l’exploitation et de la division du travail générées par les sociétés de classe et donc perpetuées par le capitalisme, ne sont pas propres aux anciennes colonies ni de manière générale aux États plus faibles de l’impérialisme. Des personnes transgenres sont agressées et assassinées chaque année en France, dont la bourgeoisie qui, derrière quelques rhétoriques pro-LGBT+, cautionne de fait ces agressions et ces assassinats. Les femmes transgenres racisées en sont particulièrement victimes, cibles à la fois de la transmisogynie et du racisme ; nous n’oublierons jamais et ne pardonnerons jamais le meurtre de Géraldine, femme péruvienne assassinée le 9 juillet 2024 à Paris, ni celui de Vanesa Campos, femme péruvienne assassinée le 17 août 2018 à Paris également, ni tous les meurtres et toutes les agressions de personnes transgenres chaque année.
Les 50 000 pesos que promet le gouvernement colombien à ceux qui donneraient des informations sur les assassins de Sara Millerey, comme le milliard du NFP proposé en France pour lutter contre les violences faites aux femmes, ne pourront résoudre dans le fond les problèmes liés à la transphobie, à la misogynie et à la transmisogynie. L’État bourgeois ne peut pas et ne pourra jamais répondre convenablement aux aspirations populaires, même sous direction sociale-démocrate. L’expérience mondiale nous le prouve tous les jours : au Mexique, au Venezuela, en Grèce et en Espagne, les gouvernement sociaux-démocrates n’ont jamais répondu aux aspirations populaires. En effet, ces gouvernements et formations politiques défendent les intérêts de leurs bourgeoisies nationales sous des phrases populaires, et maintiennent le système d’exploitation salariale responsable de l’exploitation genrée des tâches domestiques. Ainsi, l’État bourgeois ne peut pas être l’outil des masses populaires pour la liquidation des meurtres transphobes. Vouloir utiliser ce type d’appareil, c’est légitimer le rôle du système judiciaire bourgeois dans l’élimination de la violence transphobe. Ces appareils d’État bourgeois ne serviront jamais les intérêts des masses populaires dominées et exploitées. Lorsque ce genre d’État joue le théâtre progressiste, il s’agit toujours d’une manœuvre temporaire pour canaliser, sur le moment, la rage populaire légitime.
Le vrai progrès, efficient et durable, pour préserver la dignité et les droits des personnes transgenres, comme de toutes les victimes actuelles de violences liées aux discriminations, ne sera possible qu’avec le renversement du système d’exploitation capitaliste.
Face à ces meurtres, accusons et attaquons le capitalisme : la classe capitaliste cautionne et orchestre ces meurtres et toutes les formes de LGBT+phobies pour ses intérêts.
Pour les femmes victimes de transféminicides, pour toutes les victimes du capitalisme : organisons la riposte ! »