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Conférence de l'Action Communiste Européenne à Paris, le 16 mars, intitulée « Conclusions et perspectives pour le mouvement ouvrier en Europe » - Parti Communiste Révolutionnaire de France

Conférence de l’Action Communiste Européenne à Paris, le 16 mars, intitulée « Conclusions et perspectives pour le mouvement ouvrier en Europe »

Le dimanche 16 mars s’est tenue la première conférence internationale de l’Action Communiste Européenne jamais organisée en France, organisé par le Parti Communiste de Grèce (KKE) et notre Parti à Paris, sur le thème « deux ans depuis les grèves de masses en France. Conclusions et perspectives pour le mouvement Européen. »

Jusqu’en début d’après-midi, les partis de l’Action communiste Européenne purent apporter leurs contributions sur la bataille des retraites en France et les perspectives politiques que cette bataille pût offrir au mouvement ouvrier d’Europe. A cette conférence furent également présents des syndicalistes de chaque partis membres, afin que l’ACE puisse offrir une plate-forme de coordination des expériences des différentes luttes ouvrières d’Europe et contribuait à l’enrichissement de nos méthodes de luttes, d’organisations, ainsi que la clarté politique de nos différents partis sur les défis auxquels doit répondre le mouvement communiste d’Europe. Notre parti a également réalisé 7 heures de riches bilatérales avec le Parti Communiste de Grèce (KKE), le Parti Communiste des Travailleurs d’Espagne (PCTE), le Parti des Travailleurs d’Irlande (WPI), et le Nouveau Parti Communiste des Pays-Bas (NCPN).

Notre Parti, en charge d’introduire et animer la conférence, pût revenir tout d’abord sur la séquence complète de la lutte contre la réforme des retraites. La version longue de cette introduction est disponible en anglais sur le site de l’Action Communiste Européenne ici, ainsi que sur notre site en Français ci-dessous (veuillez cliquer sur la vignette).

Costas Papadakis, membre du comité central du KKE, député européen, pris en charge une seconde contribution introductive permettant de décrire les liens et différences centrales existant entre le mouvement ouvrier Grec et Français.
Papadakis revint sur la crise sociale et politique que continue de traverser la France aujourd’hui, démontrant une nouvelle fois que le parlementarisme bourgeois est une impasse et tente toujours de réinstaurer l’illusion d’une sortie politique possible de la crise sociale dans le cadre de l’État bourgeois au vu des contradictions du capitalisme-impérialisme s’aggravant. Ainsi, Papadakis décrivit comment : « […] c’est pourquoi nous avons d’une part, la création d’une alternative antigouvernementale anti-populaire d’extrême droite, incarnée par Le Pen, et d’autre part, la création d’une alternative sociale-démocrate – avec la participation active du Parti Communiste Français (PCF) « muté » - voire l’alternative incarné par le soi-disant « Nouveau Front Populaire », qui est aussi le produit de manœuvres politiques visant à servir de « bouée de sauvetage » pour réhabiliter la social-démocratie - largement discréditée dans la conscience populaire - et assurer ainsi la continuation à la perpétuité » de la politique anti-populaire. »

Papadakis put qui plus est rappeler également la nécessaire reconstruction d’un parti Léniniste en France, rappelant : « […] à quel point il est crucial et nécessaire pour la classe ouvrière et les couches populaires de France d’avoir un parti communiste fort et révolutionnaire comme soutien et outil dans leur lutte. Nos camarades français du PCRF mènent un combat acharné dans cette direction, dans des conditions difficiles, sur un terrain miné pendant des décennies par l’opportunisme et la social-démocratie. »

Cette seconde introduction du KKE permit le contraste des méthodes de luttes et d’organisations des directions de la CGT en France avec celles du PAME grec (front militant de tous les travailleurs), syndicat de classe et de masse ayant construit un lien organique avec le KKE. Durant les récentes mobilisations de masses pour la vérité sur la catastrophe de Tempe, en 2023, ou deux trains entrèrent en collision par négligence d’un État bourgeois préférant privatiser et marchander tous services essentiels pour son profit, le PAME mit en avant la grève comme outil premier pour réclamer la vérité au gouvernement bourgeois. Comme le décrit Papadakis : « L’élément qualitatif et en même temps porteur d’espoir de ces grandes mobilisations est qu’elles ont pris la forme d’une grande grève générale. Les lieux de travail se sont paralysés, les magasins, les écoles primaires et secondaires et les facultés universitaires sont fermé, avec une participation massive des lycéens et des étudiants, sur décision des syndicats et d’autres collectifs du mouvement populaire et de la jeunesse, à la suite de l’appel des proches des victimes de Tempi. »

L’introduction du KKE permit également de définir les perspectives du mouvement ouvrier, revenant sur les récents plans bourgeois d’économie de guerre à l’échelle de nos différents monopoles tout comme des alliances inter-impérialistes comme celle l’UE.

Les différentes contributions permirent de revenir sur la situation dans les différents pays d’Europe, en soulignant tout d’abord constamment le danger de l’aristocratie ouvrière, véritable couche sociale se faisant relais des intérêts des monopoles et de leurs politiques sous de multiples formes par leurs conceptions, leurs modes de vies, leurs postes syndicaux, ainsi que leur lien fort aux couches petites-bourgeoises. Ainsi, le Parti du travail d’Autriche (KPÖ) pût décrire la situation désastreuse crée par le syndicalisme de « dialogue social » dans l’histoire longue : « Depuis la création de la Fédération syndicale autrichienne (ÖGB) en 1945, la classe ouvrière a été systématiquement privée de son pouvoir par le système de partenariat social. Les communistes qui se sont opposés à l’introduction de factions politiques au sein du syndicat ont rapidement été évincés des postes importants. Lorsque la vague de grèves de 1950 a éclaté, ils ont été les seuls à soutenir la lutte, tandis que les sociaux-démocrates et la social-démocratie chrétienne ont mobilisé des mercenaires pour attaquer les grévistes et mettre fin aux grèves. L’une des plus grandes grèves de l’histoire de la Deuxième République a été délibérément qualifiée de tentative de coup d’État communiste par les partis bourgeois et les puissances d’occupation capitalistes de Grande-Bretagne, de France et des États-Unis, afin de la délégitimer et de diviser le mouvement ouvrier. De nombreux communistes ont ensuite été expulsés de l’ÖGB. Dans certains cas, les communistes ont dû quitter leur domicile et déménager dans d’autres provinces pour retrouver un emploi, car les comités d’entreprise sociaux-démocrates et les directions tenaient des listes de ceux qui avaient participé aux grèves et qui ne devaient plus être employés. Depuis lors, la domination de ce que l’on appelle l’aristocratie syndicale s’est consolidée et le contrôle de l’ÖGB s’est encore étendu par le biais de structures anti-démocratiques. Un exemple particulièrement flagrant du rôle de l’ÖGB est l’introduction de la journée de travail de 12 heures. Alors que tous les partis bourgeois ont soutenu cette attaque massive contre les droits des travailleurs pendant la campagne électorale, les dirigeants syndicaux sont restés silencieux. Après les élections, il a suffi d’une manifestation symbolique, mais pas de lutte syndicale, pas de grève générale, pas de résistance sérieuse. Le résultat était clair : le gouvernement a pu faire passer la loi sans problème. »

L’aristocratie ouvrière et son lien aux directions syndicales fût un enjeu régulier dans les contributions, rappelant que les différents partis de l’ACE, prenant pour principes la conception léniniste de l’impérialisme, tenait donc en conséquence la lutte contre cette couche sociale comme permanente et aigüe. Le Parti Communiste des travailleurs d’Espagne (PCTE) pût par exemple décrire le lien de ces aristocrates avec les plates-forme sociales-démocrates, comme le NFP dans le cas Français : « La mobilisation en Espagne n’a pas atteint la même intensité qu’en France, principalement en raison du rôle des syndicats majoritaires, dont l’attachement au gouvernement de coalition social-démocrate les a conduits à assumer une politique de retenue et de démobilisation favorisant la négociation institutionnelle. Cette attitude favorise en définitive la perpétuation des attaques contre la classe ouvrière et répond à une conception du partenariat social comme mécanisme de régulation des conflits. Ce mécanisme est en fait utilisé comme un outil de l’État bourgeois pour garantir la paix sociale dans l’intérêt des monopoles. Un exemple récent du rôle joué par la social-démocratie dans le mouvement ouvrier en Espagne est celui des récentes déclarations des dirigeants syndicaux nationaux en faveur du « réarmement de l’Europe » et de « l’autonomie stratégique » de l’UE. »

L’un des sujets récurrents des différentes contributions fût aussi le lien entre les communistes et le syndicat, et la nature politique de ce lien. Le Nouveau parti communiste des Pays-Bas (NCPN) put revenir par exemple sur le lien entre les récents plans anti-populaires et guerriers de la bourgeoisie Néerlandaises et le rôle du parti dans les syndicats : Aujourd’hui plus que jamais, nous devons travailler concrètement à notre alternative, le socialisme-communisme, avec le peuple, en construisant le pouvoir de la classe ouvrière et en lui montrant qu’elle a la force de renverser ce système. Dans le mouvement social général, tel que le mouvement pour la paix, le mouvement étudiant, le mouvement antiraciste, etc., cela nécessite la création de comités d’action réunissant des masses de personnes, par opposition aux coalitions d’entités politiques (bourgeoises) qui ne mobilisent que leurs propres membres. Dans le mouvement syndical, cela exige la création de groupes de travailleurs autonomes au sein des entreprises et en dehors des syndicats.

Le sujet du lien entre le Parti communiste et le syndicat fût aussi exposé par le Parti communiste de Turquie (TKP), en revenant sur l’expérience des communistes turques dans la situation de lutte sociale et politique contre les offensives menées par le gouvernement bourgeois d’Erdogan. Dans cette contribution, on trouve beaucoup de formes de luttes et d’organisation riche en enseignement pour la classe ouvrière de France : Lors de notre 14e congrès, nous avons qualifié cet effort d’« éveil de la classe ouvrière » et formulé notre stratégie en conséquence. Cette lutte idéologique a pour priorité de réaliser la supériorité subjective de la classe ouvrière sur la bourgeoisie et les classes moyennes. Le Parti agit avec cette priorité dans toutes les composantes de sa lutte, du travail culturel et artistique aux formations, des publications à la propagande. Cette intervention idéologique est complétée par une organisation sur le lieu de travail. Le TKP met activement en place des cellules sur le lieu de travail dans les principaux secteurs d’activité. Ces cellules agissent stratégiquement dans le but d’approfondir l’existence du parti dans ces industries. Cet instrument principal est suivi par deux autres mécanismes, les comités sur le lieu de travail et le réseau de solidarité « Mettre un coup à la nuque du patronat ». Trois éléments principaux facilitent les efforts du TKP pour organiser la classe ouvrière : Les maisons de quartiers ou maisons des travailleurs, le statut des volontaires du parti et le réseau de communication, de lutte et de solidarité « Mettre un coup à la nuque du patronat. » Le réseau « mettre un coup dans la nuque du patronat » a été lancé en 2018 au cours d’une période de grave crise économique. Il sert de plate-forme d’action directe permettant aux travailleurs de communiquer, de s’organiser et de résister aux injustices sur leur lieu de travail. Cette initiative fournit un cadre juridique d’intervention et utilise de multiples canaux de communication, notamment un site web, une ligne d’assistance téléphonique, des courriels et des médias sociaux. Une équipe spécialisée évalue les rapports reçus et les transmet aux unités compétentes du TKP, qui organisent alors des réponses, allant de l’action en justice et des grèves à la formation de comités permanents sur le lieu de travail. Depuis sa création, cette initiative a soutenu des luttes sur des centaines de lieux de travail. Elle a facilité la formation de comités d’entreprise dans de nombreuses entreprises – des structures directement liées aux luttes sur le lieu de travail. En outre, des réseaux de solidarité ont vu le jour, réunissant des travailleurs d’un même secteur, tels que le réseau de solidarité des travailleurs municipaux, le réseau de solidarité des travailleurs du textile d’Istanbul et le réseau de solidarité des coursiers à moto. Bien que ce réseau ne soit pas un syndicat, il sert de mécanisme d’organisation et de solidarité pour les travailleurs qui sont exclus des structures syndicales existantes ou qui ne sont pas représentés par celles-ci. Enfin, pour renforcer le développement politique et théorique des cadres ouvriers, le TKP a créé l’Académie des travailleurs. L’Académie sert à renforcer les liens historiques et contemporains des cadres de la classe ouvrière avec la lutte, et sert également d’école pour augmenter et renforcer le nombre de cellules sur le lieu de travail et développer des programmes de formation spéciaux. »

Les différentes contributions des 11 partis présents permirent de rendre explicite le contenu universel de la question du syndicalisme au-delà des particularités nationales, étant bien sûres toujours à prendre en compte pour un parti bolchévik. d’échanges entre différents syndicalistes permit aussi à cette conférence de permettre l’échange d’expériences au cœur des luttes de classes, par des travailleuse et travailleurs impliqués dans la question syndicale à même leurs luttes quotidiennes pour la classe ouvrière. Notre Parti pu ainsi inviter l’un de nos camarades afin de faire part de son expérience de la lutte pour les retraites depuis un poste de bureau d’Union Locale CGT dans la région des Pyrénées (ci-dessous, veuillez cliquer sur la vignette), permettant de revenir par les faits sur les difficultés à construire un mouvement offensif partant de la grève et non du dialogue parlementaire. Le KKE pu quant à lui inviter Yiannis Tasioulas, membre du comité central du KKE mais aussi président de la fédération du bâtiment du syndicat PAME. Par ces temps de débats, c’est donc aussi la coordination d’actions des partis membres de l’ACE qui se renforce, ce que notre Parti défend et encourage pour renforcer nos Partis mutuellement depuis la fondation de l’Action Communiste Européenne.

La conclusion de la conférence fût animée par deux contributions, une conclusion de notre secrétaire général, Pierre Komorov (disponible en anglais sur le site de l’Action Communiste Européenne ici, et en français ci-dessous, veuillez cliquer sur la vignette), ainsi que d’Eliseos Vagenas, dirigeant de la section aux relations internationales du comité central du KKE. La conclusion de notre secrétaire général permit de revenir sur le contenu des débats et leur importance.

Eliseos Vagenas revint dans sa conclusion lui aussi sur le contenu de la conférence, ainsi que les perspectives futures de l’ACE : « En concluant la réunion d’aujourd’hui des partis de la CEA, nous pouvons évaluer positivement notre travail d’aujourd’hui. Bien sûr, nous savons que le niveau de développement, le potentiel de mobilisation, le niveau d’organisation, les réalisations du mouvement syndical dans chaque pays européen diffèrent, tout comme les expériences de chaque partis, qui dépendent des possibilités et des conditions dans lesquelles il agit, etc. »

Cependant, nous pensons que nous avons eu raison, en tant qu’ACE, d’organiser la réunion d’aujourd’hui, car tous les Partis sont confrontés à de nombreux problèmes communs, tels que l’attaque menée contre la classe ouvrière et dans toute l’Europe par les gouvernements bourgeois de tous bords, de droite et sociaux-démocrates.

Sur la base de ce qui précède, nous pensons que l’échange de vues et d’expériences que nous avons eu ici aujourd’hui a été très utile et nous remercions chaleureusement nos collègues syndicalistes, qui ont apporté une expérience vivante qui peut enrichir notre action.

La conférence d’aujourd’hui montre également autre chose. Elle montre le caractère des partis de l’ACE, qui sont orientés vers le développement de la lutte des classes, qui ne perdent pas de vue la recherche du soutien de la classe ouvrière, le développement de ses luttes.

En tant que communistes, nous luttons pour empêcher les mesures réactionnaires, pour obtenir des gains qui amélioreront la vie des travailleurs et en même temps pour montrer que ce système capitaliste d’exploitation qui sert les profits des monopoles ne peut pas être guéri et doit être renversé par la lutte de la classe ouvrière et des autres couches populaires pour ouvrir la voie à la construction de la nouvelle société socialiste-communiste.

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