
L’expérience des communistes dans la lutte pour protéger la vie des peuples et les infrastructures des catastrophes naturelles et technologiques. Éclairer les responsabilités et les stratégies anti-populaires de l’UE, des gouvernements du Capital, et l’organisation de la solidarité populaire.
L’Action Communiste Européenne (ACE), dont notre Parti est seul membre pour la France, a tenu une conférence intitulée "L’expérience des communistes dans la lutte pour protéger la vie des populations et les infrastructures des catastrophes naturelles et technologiques", le 6 avril 2025. Vous pouvez retrouver notre intervention en français, ci-dessous, et en anglais ici. Vous pouvez également retrouver les interventions de nos partis frères ici.
Intervention du Parti Communiste Révolutionnaire de France
à la Conférence de l’ACE, le 6 avril 2025.
Chères Camarades,
Nous voudrions commencer par remercier nos camarades du Parti Communiste des Travailleurs d’Espagne (PCTE) accueillant cette conférence, ainsi que réitérer notre solidarité avec les travailleuses et travailleurs de la région de Valence payant encore le coup de la catastrophe environnementale et sociale provoqués par les politiques des monopoles espagnols mais aussi français par exemple, même des mois après les inondations.
Au-delà des catastrophes naturelles et technologiques de grande envergure comme à Valence, ou lors du séisme Turque en 2023, la question environnementale et ses implications sociales et politiques occupent de plus en plus de place chez les travailleuses et travailleurs depuis les années 1980.
La prise de conscience du problème et sa médiatisation ont joué un rôle significatif en matière d’écologie. Pourtant, les opérations de dépolitisation croissante et massive de la part des alliances impérialistes et des différentes bourgeoisies sur ces questions ont fortement affecté les mouvements populaires. Ces opérations qui s’opèrent à l’aide du regain de l’impérialisme mondial par de nouvelles bourgeoisies gagnant des positions, le poids croissant des ONG, mais aussi la défaite provisoire des organisations ouvrières dû à la contre-révolution mondiale ont un rôle à jouer dans le poids que l’idéologie dominante possède sur cette question. Ainsi dans les différentes catastrophes naturelles et technologiques que traverse le mouvement ouvrier d’Europe, il est tout à fait possible que la classe bourgeoise se renforce après des pertes de profits, les justifiant même dans des plans de « reconstructions » ou d’aide « humanitaire ». Le « capitalisme vert », axe central des monopoles de l’UE et de la France en particulier, témoigne de cette capacité de nos monopoles à savoir trouver profit dans les pires situations.
Les monopoles Français ont en effet su avancer stratégiquement sur ces questions, sachant se maintenir dans les contradictions inter-impérialistes, en particulier face à son concurrent et partenaire immédiat qu’est la bourgeoisie Allemande. Le monopole Français Engie possède par exemple le plus grand champ éolien au monde aux Emirats Arabe Unis. AirLiquide, grand monopole d’électricité et de gaz tient dans les meilleures positions de l’UE concernant les projets d’extractions ou de raffinage d’hydrogène vert. Enfin, depuis plus d’une dizaine d’années, les monopoles Français ont cherché par des vastes opérations de décarbonation de leurs productions à rattraper leurs concurrents Européens, dont en premier lieu l’Allemagne, Alstom étant le monopole français le plus connu sur la question.
Si les contradictions inter-impérialistes ont réorienté les priorités de nos monopoles sur une économie de guerre, les stratégies vertes ne sont pas exclusives face au complexe militaro-industriel, même si celui-ci permet une profitabilité plus rapide : les monopoles que nous avons cités plus haut sont interdépendant des grands monopoles d’armements, le capitalisme vert pouvant devenir soutien à la production militaire. Ainsi, l’anarchie de la production au détriment des capacités naturelles et technologiques réelles tout comme les campagnes idéologiques à un soutien apolitique vont main dans la main dans les manœuvres des monopoles, l’un comme l’autre étant facteur de profit. En effet, dans les catastrophes naturelles et technologiques présentes et à venir, l’impérialisme en guerre comme en “paix” sait coordonner ses différents secteurs pour préserver ses intérêts et sa domination, quelles qu’en soient les justifications ou mystifications que les différents États proposent.
Quand nous parlons de “milieu naturel", nous précisons qu’il s’agit d’un terme inexact. Pour notre parti, la question des catastrophes naturelles et technologiques relève aussi d’enjeux idéologiques pour que le peuple-travailleur comprenne la réalité objective des problèmes qu’il rencontre. Ainsi, l’analyse matérialiste dialectique de la question de l’environnement ne peut donner place à une opposition binaire entre nature et société, ou “nature et culture”. Nous distinguons le “milieu naturel” et les sociétés humaines comme étant deux composantes en lien, en interdépendance et formant un tout. Sans milieu naturel, il n’existe pas de développement des sociétés de classe, et sans société de classe, pas de milieu naturel tel que nous le connaissons.
L’environnement est donc ce tout formé par le milieu naturel et les sociétés humaines, l’informant par le travail. En ce sens, parler de protection de l’environnement implique à la fois la société humaine et le milieu naturel. C’est par l’action des sociétés humaines en interdépendance avec le milieu naturel que nous pouvons comprendre ces catastrophes et leurs conséquences, en dépassant les rapports de productions périmées entravant son plein potentiel.
Pour développer sa conception de classe de l’environnement, notre parti a une campagne dédiée à destination des masses et de nos réserves révolutionnaires, la “campagne environnement”. Celle-ci fait partie de notre campagne “accusons le capitalisme”, qui regroupe plusieurs campagnes notamment sur les libertés démocratiques, la paix, l’environnement ou encore l’emploi, la vie chère, chacune reliant les maux dont souffrent le peuple, à sa cause : le mode de production capitaliste. Chaque campagne, y compris la campagne environnement, comprend un site web, des tracts, affiches, brochures et articles dédiés et est à disposition de nos fédérations pour la mise en place de réunions publiques et de collectifs de lutte. Une pétition est également disponible en format papier et numérique. Mais il s’agit d’abord de campagnes larges dont les axes visent à être repris par les masses qui peuvent participer et animer la campagne sans être membre du Parti.
Notre Parti y défend des mots d’ordres concrets dans chacune de nos fédérations, comme l’augmentation des moyens de météo France et redéploiement de ce service public en proximité des territoires, ou le combat contre la commercialisation des côtes et des plages. Afin de lier les besoins concrets des travailleuses et travailleurs avec la question du socialisme, la défense d’un plan intégré pour la prévention et l’intervention en cas d’accident industriel majeur dans une région est aussi un mot d’ordre défendu en cas de catastrophes. Lors d’inondations vécues dans certaines de nos fédérations, nous défendions également que les constructions de maisons ou immeubles dans des zones inondables, au rabais, non surélevées, sans normes hydrauliques ou séismiques, sans système d’évacuation et de sécurisation, devait être immédiatement stoppés. Des systèmes de détection de montée des eaux en amont sont connus, mais ne sont pas mis en place « parce que cela coûte trop cher ». Responsabilité du capital quand pour le profit maximum des entreprises, les bétons et goudronnage permettant l’infiltration des eaux ne sont pas utilisés dans les constructions, quand les barrages ou digues vieux de plusieurs siècles (quand ils ne sont pas absents), les cours d’eau et berges ne sont pas entretenus. Nous luttons également pour la protection des populations pour un plan général d’alerte, d’évacuation et d’hébergement des habitants obligés de quitter leurs foyers, coordonnée par les travailleuses et travailleurs afin d’éveiller le collectivisme.
La solidarité de classe est également un facteur non négligeable pour la mise en avant de l’analyse scientifique de l’environnement et pour la lutte concrète contre les effets dévastateurs du capitalisme impérialisme. Pensons à nos camarades d’Espagne, qui ont organisé un mouvement héroïque de solidarité au moment des inondations à Valence. Les camarades participaient sans relâche aux efforts de nettoyage dans les villes touchées, mettant toujours en avant une perspective de classe sur les problèmes rencontrés les plus élémentaires. Tout cela sans que l’Etat bourgeois n’offre de solution viable, la situation ayant duré pendant des semaines. Des camarades de notre parti dans le Sud de la France ont également organisé des solutions d’hébergement lors d’inondations qui ont touché la région, en travaillant avec des organisations de masse.
Chers camarades, seule la révolution sociale vers le socialisme-communisme peut donner une réponse à la crise écologique, faisant partie de la crise généralisée du capitalisme-impérialisme que nous connaissons. Pour le renforcement de nos partis, pour l’internationalisme prolétarien, vers le socialisme-communisme !