
Message de soutien aux salarié-e-s de Agromousquetaires en lutte
Le Parti Communiste Révolutionnaire de France apporte tout son soutien fraternel et de classe aux salariés en lutte d’Agro-mousquetaires, qui prévoit de céder huit usines en France.
Agromousquetaires, filiale agroalimentaire de Les Mousquetaires, auquel appartient Intermarché, a annoncé la vente de 8 de ses 55 usines en France, le 23 mai dernier, touchant 1200 salariés sur les 11 000 au total : Antartic II à Charmes-sur-Rhône, Vertumnus à Hermes, Fournil du Val de Loire à Joué-les-Tours, Lyana à Rezé et aux Ponts-de-Cé, Capitaine Cook à Clohars-Carnoët, Capitaine Houat à Boulogne-sur-Mer et Lanester. Ces 8 sites industriels s’ajoutent aux 2 qui ont déjà été cédés : Kerranna, cédé en 2022 à Cité Marine, et Sveltic, cédé au début de l’année 2025 à What’s Cooking ? Dans un communiqué publié le 23 mai dernier, l’intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFTC-CFE/CGC a déclaré que « ce total désengagement […] crée de vives inquiétudes, voire des risques psycho-sociaux importants chez les salariés déjà désabusés. » L’intersyndicale a aussi déclaré que « l’annonce » de la cession des usines Antartic II, Cook Plozevet, et Vertumnus « représente […] un choc qu’aucun élément ne laissait présager avec également des conséquences indirectes de réduction de l’emploi sur l’ensemble des équipes support. » Selon la direction de Les Mousquetaires, la cession de ces 8 usines s’inscrit dans le processus de « recentrage » des investissements, déjà annoncé en juin 2024, afin de se concentrer « sur les produits bruts et peu transformés » comme la viande, le végétal, ou encore le lait, et à « accélérer la modernisation de son pôle industriel et renforcer sa compétitivité. » Les activités de Lyana, Capitaine Cook, ou Fournil du Val ne sont donc plus considérés comme étant « stratégiques ». Selon l’intersyndicale, plusieurs « unités étaient déjà en situation difficile par manque notamment d’investissements passés », et « les salariés [y] avaient déjà connus des situations difficiles » : « plan de sauvegarde de l’emploi sur Capitaine Houat Lanester / Boulogne l’année dernière », « projet de cession de capitaine Clohars depuis 15 mois sans succès », « projet de nouveau site industriel depuis deux ans sur Fournil du Val de Loire, où les salariés s’étaient déjà projetés et qui vient d’être abandonné », et « la suppression d’un des sites de Lyana en 2024, avec licenciements à la clé. » Le pôle mer, dont font partie le site Capitaine Cook de Clohars-Carnoët et ceux Capitaine Houat de Boulogne-sur-Mer et de Lanester, est en difficulté depuis des années. Le premier site perdait 3 millions d’€ en 2023. Les 347 salariés de l’usine Capitaine Houat de Lanester ne décolèrent pas : « On se sent trahis [...]. On s’est tous démenés ces cinq dernières années, on a accepté tous les projets et on nous vend ! » Christelle Bellégo, élue CFDT du personnel. « On nous disait qu’on était le fleuron d’Intermarché, et aujourd’hui on nous dit qu’on n’est plus stratégique ! Nous, on aime notre entreprise. » dit-elle. Concernant l’usine Fournil du Val de Loire, elle est vétuste et les lignes de production sont vieillissantes. Un nouveau site de production, à Neuillé-Pont-Pierre, devait sortir de terre, mais « depuis quelques mois, on n’y croyait plus vraiment à ce projet », selon Christophe Barbeau, délégué FO du site. « la mise en vente de l’usine, on ne s’y attendait pas. C’est un choc », selon lui. Annoncée brutalement, la fermeture du site est un coup dur pour les salariés. Selon Frédéric Londais, délégué CGT de ce même site, « Ce qu’on déplore c’est qu’ils redorent leur blason en achetant les Casino […], mais à côté de ça ils font des dégâts en vendant des usines. » À Hermes, dans l’Oise, l’usine Vertumnus va changer pour la 3ème fois de propriétaire en moins de 6 ans, attisant la colère des salariés.
L’annonce par le groupe Les Mousquetaires de la cession de 8 de ses 55 usines en France intervient au même moment où le monopole « annonce investir 250 millions d’[€] supplémentaires sur cinq ans pour renforcer la compétitivité de ses usines agroalimentaires en France », portant le « plan d’investissement de 500 millions, sur cinq ans, annoncé en juin 2024 », à un total de 750 millions d’[€] pour accompagner efficacement sa stratégie de recentrage et de redéploiement industriel vers les produits bruts ou peu transformés, ainsi que vers les filières stratégiques », selon un communiqué du monopole publié le 20 mai dernier. Ces investissements interviennent pour absorber une hausse de 35 à 40% des volumes due au rachat de 294 magasins au groupe Casino, conséquemment à la restructuration de ce dernier suite à la crise de son endettement, et à la récente alliance aux achats conclue avec Auchan. Cela devra permettre à Agromousquetaires d’atteindre les 6 milliards d’€ de C.A en 2028, contre 4,7 milliards d’€ en 2023. Le contexte est aussi marqué par la fermeture de 30 magasins Intermarché d’ex-Casino, avant sa restructuration, puisque jugés comme étant « commercialement inexploitables [à cause] d’un manque d’investissements trop important[…], de taux de charges trop élevés par rapport à la réalité […] du marché[, et] d’une politique commerciale inadaptée. » La grande distribution traverse une crise profonde, et les monopoles s’adaptent aux détriments de l’emploi : Auchan a annoncé la suppression de 2389 emplois, la fermeture de 10 magasins, dont 3 hypermarchés, et le développement de la franchise, tandis que Carrefour souhaite développer la location gérance. Pour la maximisation des marges et des profits des actionnaires et des patrons, ce sont toujours les salariés qui trinquent : casse des emplois, des salaires, et des conditions de travail, perte des droits sociaux, fermetures d’usines et d’entreprises, chômage, etc.
Le groupe les Mousquetaires doit payer pour maintenir tous les emplois et sites de production !
La crise systémique du capitalisme, la casse de l’emploi, les fermetures d’usines etc. découlent du mode de production capitaliste, du fait de la propriété privée des moyens de production, de la loi du profit maximum le plus vite possible, de l’anarchie de la production qui lui est intrinsèque, et, de par la contradiction entre une production socialisé (des millions d’humains travaillant en interaction) et l’accaparement privée, par les capitalistes, des richesses produites par les travailleurs. Le groupe Les Mousquetaires connaît une croissance globale de 6,4% et un C.A de 42,5 milliards d’€ en 2024 hors carburant, et 55,6 milliards d’€ avec carburant. Notre Parti pose ainsi le problème, qui ne peut être résolue que par le renversement révolutionnaire du capitalisme par la classe ouvrière alliée à toutes les victimes de ce mode de production, et par le bris de l’appareil d’État bourgeois, ni neutre ou au-dessus des classes, mais rempart de la dictature de classe de la bourgeoisie. À gauche, le Nouveau Front Populaire ne propose des solutions que dans les rapports de production, et d’exploitation, capitalistes. Aujourd’hui, les salariés d’Agromousquetaires organisent la lutte contre la vente des usines concernées, comme le rassemblement à Boulogne-sur-Mer contre la vente de l’usine Capitaine Houat le 5 juin dernier. Ailleurs de nombreuses luttes ouvrières se multiplient : Sanofi, ArcelorMittal, Lidl, JTEKT, Forvia, Owens-Illinois, etc. Le peuple-travailleur doit croire en son propre pouvoir et opérer la libération des forces ouvrières et populaires !
Les salariés n’ont pas à payer, ni la crise systémique du capitalisme, ni la gabegie et erreurs de gestion des capitalistes !
Pour notre Parti, il est nécessaire que les salariés d’Agromousquetaires s’organisent en Collectifs de lutte sur toutes les usines du monopole, pour la préservation des emplois et de l’outil industriel. Se liant à d’autres travailleurs du même bassin d’emplois et à la population locale, ces collectifs devront développer les nécessaires luttes, pour construire un large et solide front de classe rassemblant toutes les victimes du capitalisme sous la direction de la classe ouvrière, véritable Front populaire, afin d’inverser le rapport de force face à la bourgeoisie et à sa dictature de classe. Nous alertons cependant sur le caractère délétère du soi-disant « dialogue social » et « partenariat social », car, ne découlant que de la défense des seuls intérêts des capitalistes, il se révèle être un piège mortel, en subordonnant les intérêts antagoniques des travailleurs à ceux des patrons.
Notre Parti a lancé une campagne nationale intitulée « Accusons le capitalisme », sur des thèmes comme « pour nos emplois » (https://viechere.wordpress.com/), pour lier les revendications quotidiennes de la classe ouvrière avec la nécessité du renversement révolutionnaire du capitalisme associé à l’édification du Socialisme-Communisme, et pour rassembler toutes les victimes du capitalisme autour de mots d’ordre comme « pour le maintien de tous les emplois et l’interdiction de tous les licenciements ! », « pour la nationalisation sans indemnisation et avec contrôle ouvrier des monopoles qui cassent l’emploi ! », etc.
Très fraternellement,
La Commission Ouvrière et Entreprises du Parti Communiste Révolutionnaire de France