
Message de soutien aux salarié-e-s de l’audiovisuel
Le Parti Communiste Révolutionnaire de France apporte tout son soutien fraternel et de classe aux salarié- e-s de l’audiovisuel public, en lutte contre le projet de contre-réforme de R. Dati.
Les syndicats de l’audiovisuel public appellent à la grève illimitée, à partir du 30 juin prochain, contre le projet de réforme porté par Rachida Dati. Depuis sa prise de fonction comme Ministre de la Culture, en janvier 2024, Rachida Dati dit vouloir faire de la « réforme de l’audiovisuel public et [de] la souveraineté audiovisuelle » l’une de ses priorités. Un texte a été déposé le 21 mars 2023 par le sénateur centriste Laurent Lafon avant d’arriver nationale le 31 mars 2025. Ce texte a connu un parcours chaotique entre sa mise entre parenthèses par la dissolution de l’Assemblée Nationale durant l’été 2024, et les nombreux retards qu’il a connu. Le cœur de ce projet de loi consiste à regrouper l’INA, France télévision et Radio France au sein d’une holding détenue à 100% par l’État pour développer une stratégie commune, avec un PDG nommé pour 5 ans par l’Arcom. À l’origine, France Médias Monde, regroupant RFI et France 24, devait faire partie de cette holding, mais cela a été exclut par le gouvernement. Quant au financement, l’article 5 du projet de loi précise que « la principale source de financement des sociétés [...] est constituée par une ressource publique de nature fiscale, pérenne, suffisante, prévisible et prenant en compte l’inflation. » Selon le préavis de grève déposée par l’intersyndicale CGT-CFDT-FO-SNJ-SUD de France télévision, l’ « unique » finalité de ce projet de loi est « de réaliser des économies, alors que selon Rachida Dati, « l’objectif de cette réforme, c’est l’efficacité et la création d’un groupe audiovisuel public fort. » D’ailleurs, avec le flou de l’article 5 du projet de loi, une « note confidentielle du ministère des Finances qui annonce vouloir mettre en place une fusion afin de réaliser de grosses économies, sur le dos des personnels en est une preuve supplémentaire. » Toujours selon l’intersyndicale, les « graves conséquences » de ce projet de réforme comprennent « une mise en danger des services et des programmes proposés aux publics, contraints par des budgets qui ne cessent d’être réduits », « la remise en cause de la totalité [des] accords collectifs » au sein de France télévision, « la poursuite de la baisse des effectifs et de la dégradation des conditions de travail » avec aggravation de « l’externalisation des programmes [...], la précarité et la sous-traitance » et des conséquences catastrophiques sur la santé des travailleurs qui « se détériore, réforme après réforme » Il y a aussi une menace sur « l’indépendance éditoriale, le pluralisme[,] la liberté de l’information, et le risque d’une mainmise politique accentuée. » Selon un communiqué de la CGT du siège de France télévision, alors que « la Présidente Delphine Ernotte a décrété prioritaire la refonte de [l’]accord collectif [avec] en ligne de mire, le temps de travail (trop de congés) et les métiers (polycompétence, faire faire par un[e] le métier de 2 ou 3) », « la création de la holding va obliger à un « toilettage » bien plus important des accords collectifs et une accélération de la transformation dans tous les domaines d’activités. » Aussi, « la fusion des fonctions « support » (RH, finance, informatique...) est envisagé au niveau de la holding avec un transfert des salarié[es] qui sera l’occasion d’un « dégraissage » massif. » Pour finir, « un directeur de l’information chapeaut[ant] l’éditorial de l’ensemble des filiales » de la holding est prévue.
Cette contre-réforme répond à un tout autre objectif. Selon Laurent Lafon, la finalité de cette loi est de « renforcer et lutter contre les asymétries qui pénalisent les acteurs français face à leurs concurrents américains. » Cet argument est repris par Rachida Dati, pour qui « le paysage audiovisuel est dans un contexte très concurrentiel avec des groupes privés très structurés. Il est donc urgent de préserver l’audiovisuel public en rassemblant ses forces aujourd’hui dispersées et éviter son affaiblissement déjà en cours » selon elle. « Il nous faut sortir des fonctionnements en silo [et] avoir des stratégies réellement unifiées », a-t-elle plaidé devant la Commission des affaires culturelles à l’Assemblée Nationale. Elle a aussi affirmé que « d’année en année, les audiences vieillissent » et que la « jeunesse a déserté la télévision et la radio publiques », tandis que les adolescents s’informent de plus en plus sur les réseaux sociaux. Selon une étude de l’Arcom, de 2019 à 2023, « France 2, France 3 et France 5 ont toutes les trois une audience plus âgee que celle du media television pris dans son ensemble » : l’audience des plus de 65 ans a crû de 55% à 60% et celle des personnes des 25 à 49 ans a baissé de 11% à 8% pour l’ensemble de France TV. Donc « France Televisions peine donc à attirer les jeunes telespectateurs devant ses programmes televises, et mise de plus en plus sur ses plate-formes numeriques pour toucher ce public. » En revanche, « M6, W9 et TMC sont seulement consommes par pres de 25 % de 65 ans et + et par 30 % à 35 % de 50-64 ans » et « leur audimat se composent à part importante d’individus de 35-49 ans et de 25-34 ans, [...] » C’est le résultat de l’ « étranglement budgétaire sans précédent » subi « depuis des années » condamné par l’intersyndicale de Radio France. Et puis, selon la CGT Radio France, « nous n’avons ni les mêmes missions, ni le même public, ni le même budget, même en additionnant les forces de l’audiovisuel public et privé français. » Rachida Dati a appelé à la création d’une « BBC à la française », la BBC, devenue un puissant outil de soft-power a cependant vu son budget chuter de 30% suite à des coupes budgétaires, un grand plan d’économies de 600 millions d’ € être adopté, et son offre appauvri avec plus de 1000 heures de programmes supprimées. Donc les problèmes de l’audiovisuel public seront donc aggravés avec cette réforme.
L’argent pour le service public de l’audiovisuel public, il faut le prendre dans des coffres-forts des capitalistes !
La casse des services publics et des emplois réside dans le capitalisme et son évolution au stade impérialiste. Alors que le gouvernement Macron-Bayrou a annoncé 40 milliards d’€ d’économies, le montant des aides publiques aux entreprises s’est chiffré à 203,2 milliards d’€ en 2023. En régime capitaliste, le budget de l’État est un instrument de dépossession supplémentaire des travailleurs pour l’enrichissement de la classe capitaliste. La « dette publique » constitue un important levier idéologique pour garantir le taux de profit du capital par la casse ou le démantèlement des services publics. Notre Parti expose le problème, qui ne peut être résolue que par l’expropriation des exploiteurs capitalistes et le bris de l’État bourgeois, ni neutre ou au-dessus des classes, mais rempart de la dictature de classe de la bourgeoisie. Le contexte actuel est marqué par la multiplication des luttes ouvrières : JTEKT, ArcelorMittal, Bosch, Agromousquetaires, Valéo, Forvia, etc. avec quelques victoires dans la santé.La lutte continue depuis plusieurs mois pour les salariés de l’audiovisuel public, puisque l’intersyndicale a appelé à la grève illimitée à partir du 30 juin prochain. Le peuple-travailleur doit croire en son propre pouvoir et pleinement libérer les forces ouvrières et populaires.
Les salariés ont un pouvoir : bloquer les stations, les antennes et toute la production audiovisuelle pour porter haut et fort leurs revendications !
Si ce n’est pas déjà fait et selon notre Parti, il est nécessaire que les salariés de l’audiovisuel public s’organisent en Collectifs de lutte sur chacune des antennes et stations. Se liant entre eux, ils devront aussi se lier à d’autres travailleurs du même bassin d’emplois et à la population locale. Ces collectifs devront former un large et solide Front de classe rassemblant toutes les victimes de la classe ouvrière pour inverser le rapport de force face à la bourgeoisie et à son appareil d’État. Nous alertons cependant sur le caractère dangereux et mystificateur du soi-disant « dialogue social » et « partenariat social », car, ne prenant racine que dans la défense des seuls intérêts des capitalistes, ils se révèlent être un piège mortel pour les travailleurs.
Notre Parti a lancé une Campagne nationale intitulée « Accusons le capitalisme », sur des thèmes comme « pour nos emplois » et « pour nos droits et libertés démocratiques » (ici et ici), pour lier les revendications quotidiennes de la classe ouvrière à la nécessité du renversement révolutionnaire du capitalisme et de la construction du Socialisme- Communisme, et pour rassembler toutes les victimes du capitalisme autour de mots d’ordre comme « pour le maintien de tous les emplois et l’interdiction de tous les licenciements ! », « contre les privatisations anciennes et à venir ! », « pour la reconnaissance du droit de grève comme expression légitime de la souveraineté populaire avec abrogation des limites actuelles ! », etc.
Très fraternellement,
La Commission Ouvrière et Entreprises du Parti Communiste Révolutionnaire de France