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Suède, Italie : extrêmes droites au pouvoir... - Parti Communiste Révolutionnaire de France

Suède, Italie : extrêmes droites au pouvoir...

Des causes et une solution

Les récentes élections en Suède et en Italie ont une nouvelle fois confirmé la tendance générale, au niveau européen, à la fascisation. Le score historiquement élevé du parti d’extrême droite Démocrates de Suède (SD, pour Sverigedemokraterna), mené par Jimmy Akesson, avec plus de 20% de voix, ainsi que le succès de Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, devraient permettre d’installer des coalitions de droite dominées par les formations de tendance fasciste.

Pour comprendre le problème, il est nécessaire d’être clair avec les termes utilisés qu’il convient de définir. Il est important de préciser que « fascisation » n’est pas l’équivalent de « fascisme ». Ce dernier a été défini par Georges Dimitrov, révolutionnaire communiste bulgare, en 1935 lors du VIIème Congrès de l’Internationale communiste : « Le fascisme est la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier. Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels  ». La fascisation, quant à elle, fait plutôt référence à un ensemble de processus, de politiques, de tendances répressives du capital créant le terrain pour une éventuelle émergence du fascisme. Sous le capitalisme des monopoles (impérialisme), et selon le contexte du rapport de force, la dictature du capital et la bourgeoisie sont contraints de violer régulièrement et en permanence leurs propres lois et principes. L’Internationale communiste a baptisé ce processus "fascisation de la démocratie bourgeoise". La fascisation peut donc inclure aussi bien le passage au premier plan des forces et organisations politiques d’extrême droite et nationalistes, que le virage de politique répressive de l’Etat bourgeois quelle que soit son étiquette au moment des élections. Par conséquent, le simple fait de voir des partis d’extrême droite et nationalistes arriver au pouvoir suite aux élections bourgeoises ne signifie pas automatiquement l’arrivée au pouvoir du fascisme. Pour cela, il faut partir du contexte concret de l’état de la lutte des classes, des événements en cours, du degré d’organisation des travailleurs, des politiques concrètes menées par l’Etat bourgeois au service du capital. Pour caractériser la fascisation ou le fascisme, il faut donc analyser les développements de la dictature du capital dans sa complexité et de manière dialectique.

Le cas d’un pays comme la Suède est significatif, car la social-démocratie était au pouvoir durant des dizaines d’années dans ce pays qui était toujours considéré comme un modèle au niveau des politiques sociales, au point de parler d’un prétendu « socialisme » suédois. Or, les résultats de ces élections confirment aussi que la social-démocratie, même suédoise, n’est plus capable de répondre aux besoins réels des travailleurs et n’arrange plus les classes dominantes. Il n’était pas nécessaire d’attendre les résultats de ces élections pour voir que la politique en Suède n’est plus « de gauche » depuis un moment. Longtemps saluée au niveau mondial par les médias et les partis politiques sociaux-démocrates comme un paradis "progressiste", la Suède a connu plusieurs vagues de privatisations et de réductions des dépenses sociales, des réductions d’impôts pour les riches, une forte augmentation des dépenses militaires, la volonté de rejoindre l’OTAN, l’armement de l’Ukraine. Elle a également investi le terrain sécuritaire en contribuant à la stigmatisation des populations d’origine immigrée sous couvert d’une prétendue « lutte contre la criminalité », faisant ainsi le jeu de la droite et de l’extrême droite.

Les Démocrates de Suède feront donc partie d’une coalition de plusieurs partis de droite. Derrière les manœuvres parlementaires se cachent les forces réelles qui ont poussé l’élite dirigeante suédoise à soutenir cette formation d’extrême droite. Les inégalités sociales en Suède augmentent plus rapidement que jamais. Cette tendance a été déclenchée par le démantèlement du système de Sécurité sociale et des services publics, qui a commencé dans les années 1990, un système qui était l’un des plus généreux d’Europe dans l’après-guerre. Les sociaux-démocrates ont donc grandement participé à détruire ce qu’ils prétendaient avoir construit, alors que les conquêtes sociales des travailleurs suédois étaient surtout le fruit de leurs luttes, soutenues par l’existence du bloc des Etats socialistes. Aujourd’hui, l’existence des banlieues pauvres est une réalité qui concerne aussi la Suède, et le chômage y est deux fois supérieur à la moyenne nationale.

La bourgeoisie suédoise transforme aussi la Scandinavie en un deuxième front dans la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie. Cela se traduit, entre autres, par le fait que la Suède a demandé son adhésion à l’OTAN avec la Finlande voisine, et qu’elle fournit des armes à l’Ukraine. Enfin, durant la première période de la pandémie de COVID-19, la Suède était à l’avant-garde d’une politique meurtrière d’« immunité collective », une politique qui a trouvé le soutien des forces politiques les plus réactionnaires du monde.

En ce qui concerne l’Italie, ces résultats font suite aux politiques du gouvernement de Mario Draghi, banquier européiste ultra-libéral qui a imposé une politique agressive d’austérité et qui n’a pas réussi à régler la crise politique qui caractérise la vie politique de l’Italie depuis quelques années. Fratelli d’Italia permet aux formations d’extrême droite nationaliste de s’installer encore un peu plus dans le système de gestion capitaliste, quelques années après la percée électorale de la Ligue du Nord de Matteo Salvini.

La crise mondiale du système capitaliste nécessite la mobilisation de forces ouvertement fascistes pour intimider l’opposition de la classe ouvrière, comme en témoignent les événements dans tous les principaux pays capitalistes. L’émergence des Démocrates de Suède, de Fratelli d’Italia, démontre aussi une fascisation qui touche toute l’Europe. En France, les scores du Rassemblement National sont plus élevés à chaque élection, en plus de l’entrée dans l’espace politique d’Eric Zemmour et de son mouvement « Reconquête », alors que les partis considérés comme plus modérés comme LR voire LREM adoptent le discours de l’extrême droite. On observe également une « dédiabolisation » des partis d’extrême droite et leur institutionnalisation. C’est aussi le cas des formations comme Vox en Espagne, AFD en Allemagne, FPO en Autriche, etc.

Les principales raisons de cette montée de l’extrême droite en Europe sont donc l’offensive du capital dans les conditions de la crise du capitalisme, l’incapacité de la social-démocratie sous toutes ses formes de répondre aux besoins du prolétariat et son assujettissement à la bourgeoisie, l’absence d’organisations politiques communistes de masse capables d’organiser les travailleurs pour la lutte contre le capital et l’impasse des politiques néo-libérales. Cette émergence de l’extrême droite s’explique par le soutien dont elle bénéficie de la part de certaines sections de l’élite dirigeante et de son appareil d’État, mais aussi par le rôle des partis officiels de "gauche" et de leurs alliés syndicaux de l’aristocratie ouvrière dans le blocage de la classe ouvrière dans ses efforts pour intervenir de manière indépendante dans la vie politique.

Si Macron a récemment parlé de « la fin de l’abondance », on peut surtout parler de la fin du modèle social suédois ou scandinave, qui n’a jamais été un modèle de socialisme, mais un régime bien intégré dans le système du capitalisme-impérialisme. La Suède et les pays scandinaves n’ont donc pas échappé à la crise générale et de plus en plus aiguë de ce système, et ils affichent désormais de plus en plus ouvertement leurs appétits impérialistes. L’Italie, quant à elle, semble vouloir renouer avec son passé fasciste à cause de l’impossibilité pour la démocratie bourgeoise de régler la crise politique et économique.

Le vrai socialisme ne pourra être construit qu’avec les efforts communs de tous les travailleurs dirigés et organisés par un parti communiste. Malgré la faiblesse du mouvement ouvrier et communiste au niveau mondial, les événements qui secouent la planète aujourd’hui ne peuvent que montrer plus que jamais au prolétariat la nécessité de changer de système économique, social et politique.

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