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Bétharram : catholicisme et capitalisme dans toute leur violence - Parti Communiste Révolutionnaire de France

Bétharram : catholicisme et capitalisme dans toute leur violence

La séquence du 1er ministre Bayrou démissionnaire aura aussi été celle d’un historique scandale révélateur des mécanismes de pouvoir de notre société bourgeoise. Même si nous ne sommes pas directement sur le terrain des luttes économiques et de l’exploitation salariale, Lénine enseigne combien les scandales politiques peuvent rapidement balayer les écrans de fumée qui protègent les classes dominantes et que les communistes ne doivent donc jamais en négliger la force pour augmenter la colère populaire et la conscience révolutionnaire du prolétariat.

Les scandales se sont multipliés au sein de la principale religion en France, le catholicisme, et continuent à être révélés quotidiennement (Encore en août par exemple, avec la protection d’un prêtre pédophile par le Cardinal Aveline qui était le candidat français à la récente succession papale) ; mais l’affaire Bétharram met particulièrement en lumière les liens de la classe bourgeoise au pouvoir et de son Etat avec les violences sexuelles et pédophiles perpétrées uniformément par l’Église catholique. Des décennies de violences, de déni et d’omerta, et plus de 200 plaintes à ce jour : l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram, du nom de cet établissement catholique du Béarn, est un scandale d’ampleur qui frappe une école en France.

Au cœur des questionnements : les liens et le laisser-faire de toutes les institutions de l’Etat, la participation et le soutien des notables bourgeois locaux contre les lanceurs d’alerte, les mensonges du 1er ministre François Bayrou, élu le plus haut du territoire, également Ministre de l’Education dans la période. Bien sûr le pouvoir d’État bourgeois mise tout sur la capacité populaire, éprouvée après chaque scandale, à replonger dans l’oubli ou le déni. Notre devoir communiste est, en lien avec les associations populaires et de victimes, de mener le combat pour que chaque protagoniste rende des comptes et à travers chaque protagoniste coupable que ce soit le système d’oppression qui soit remis en cause : l’exploitation salariale et ses idéologies obscurantistes, patriarcales, sexistes et d’agressions sexuelles.

En France, 216 000 personnes ont été victimes d’agressions et de violences sexuelles commises par des clercs ou des religieux catholiques entre 1950 et 2020 d’après les chiffres officiels. Leur nombre grimpe même à 330 000 si l’on ajoute les agressions dans des activités liées à l’Église catholique. La religion catholique est en effet particulièrement propice aux violences sexuelles sur les enfants et les femmes. D’abord le prêtre bénéficie d’une aura et d’une respectabilité à caractère divin dans cette religion. Lorsque le prêtre agit dans la charge qui lui est confiée, et notamment en conférant des « sacrements », c’est le Christ lui-même qui agit, en tant que tête de son Corps qu’est l’Église. L’Église catholique considère que le prêtre agit In Persona Christi Capitis (dans la personne du Christ Tête). Il représente donc Jésus-Christ qui est le Souverain Prêtre exerçant le Vrai sacerdoce. En outre, seuls les hommes peuvent être ordonnés prêtres dans l’Église catholique dans le cadre d’un célibat obligatoire.

L’ensemble, en plus d’une violence inhérente aux religions, fait de l’Église catholique une fabrique structurelle de sévices et de violences sexuelles qui n’y sont pas des actes isolés mais des actes généralisés. Dans leurs conclusions, des rapporteurs de la commission d’enquête parlementaire dénoncent les mécanismes qui permettent la persistance des violences faites aux enfants dans les établissements scolaires privés et comment « l’État laisse faire ». L’État nait des conditions sociales et comme instrument de la classe dominante, de nos jours bourgeoise (capitaliste). L’État, dans l’affaire Bétharram et les autres, ne laisse donc pas faire par omission, mais il est, dans un même mécanisme unique, l’expression continue des idéologies dominantes y compris des institutions religieuses qui en sont une partie.

Cent quarante personnes ont défilé pour témoigner des violences subies à Bétharram. Le rapport final retrace l’inaction de toutes les institutions, Bayrou en tête. Administrations locales de l’Education nationale, élus, patrons, notables ou hauts fonctionnaires locaux, clergé et responsables religieux, toutes les couches de la bourgeoisie ont participé au silence ou aux violences. Il n’est pas anecdotique que plusieurs fugues d’enfant sont rapportées et que les mineurs étaient ramenés par la gendarmerie de Nay, ou signalés par les habitants de la commune. Qui, dans son entourage, ne connaît pas cette ambiance réactionnaire et bourgeoise qui vante dans sa commune ou son département les mérites des écoles privées catholiques que nos enfants devraient fréquenter coûte que coûte pour une bonne éducation ? Bétharram était vantée de la sorte par la bourgeoisie locale. La commission d’enquête dénonce à sa manière les « défaillances voire complicités » institutionnelles ayant permis aux violences de perdurer dans l’établissement catholique, malgré les nombreuses alertes. Pour la plupart des victimes, privées de « réparation judiciaire », le préjudice est immense. À la suite de l’affaire de Bétharram, d’anciens élèves d’autres d’établissements privés catholiques sous contrat avec l’État, dont la liste est particulièrement longue, s’expriment et dénoncent à leur tour les violences physiques et sexuelles dont ils ont été victimes. À la suite de l’affaire de Bétharram en février 2025, d’anciens élèves d’autres d’établissements privés catholiques sous contrat avec l’État bourgeois, s’expriment et dénoncent à leur tour, les violences physiques et sexuelles dont ils ont été victimes. C’est le cas à l’institution Notre-Dame-de-Garaison à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées), au sein du collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon (Finistère), dans le collège Saint-François-Xavier à Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques), à l’institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et à l’institution Notre-Dame-du-Sacré-Cœur, dite « Cendrillon » à Dax (Landes)…

Les religions ont ce rôle particulier et précieux de maintien en esclavage et soumission des classes dominées. Il est remarquable que les enfants de notables aient été épargnés et que les élèves brutalisés systématiquement soient devenus eux-mêmes des agresseurs de Bétharram.

La religion est l’ennemi profond de la nature, de la connaissance, des sciences et du matérialisme dialectique et historique. La Bible a des vérités « éternelles », alors que l’objet scientifique est de se remettre en question permanente par la vérification et l’expérimentation.

Imagine-t-on que l’Église catholique n’a reconnu que dans les années 1990 les calculs de Copernic et Galilée sur le mouvement de la terre ? L’écrivain Anatole France l’exprimera ainsi : « Le diable s’est toujours mis du côté des savants ». L’histoire montre qu’aucune classe au pouvoir ne le cède pacifiquement. Les idées dominantes sont celles de la classe qui a le pouvoir économique et sont diffusées en particulier par des institutions comme l’Église catholique, qui a contrôlé toute la vie intellectuelle de la société française pendant plus de mille ans sous le féodalisme. La révolution bourgeoise de 1789 ne part pas de rien, l’Église catholique est toujours là malgré la séparation d’avec l’État ; et même en déclin, elle va accompagner le nouveau pouvoir des propriétaires capitalistes. Les exemples récents ne manquent pas sur les liens entre le « sabre, l’argent et le goupillon » qu’il s’agisse de Jospin, Sarkozy (Rappelons que Jospin a réintroduit les faits religieux dans les programmes scolaires, et que Sarkozy avait déclaré la place de la religion dans la société française insuffisante et détricoté la loi de 1905 en « assumant les racines chrétiennes de la France », « fille ainée de l’Eglise »), et Macron avec leurs rencontres papales ou des ambitions du milliardaire Pierre-Edouard Sterin d’ouvrir l’Académie Saint-Louis en Sologne, premier établissement « d’excellence » d’un projet d’internats catholiques privés non-mixtes fondés sur les valeurs traditionalistes de la religion catholique. Là où le matérialisme scientifique veut conscientiser, le capitalisme va chercher au contraire à dépolitiser, à cultiver l’individualisme en pratiquant un véritable culte de l’irrationnel. « Dans les faits, l’idée de Dieu sert à maintenir le peuple en esclavage », disait Lénine...

L’affaire Bétharram

L’affaire concerne des châtiments corporels scolaires et des abus sexuels subis par des élèves de l’institution Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), commis par des prêtres du Sacré-Coeur de Jésus de Bétharram.
Plusieurs affaires judiciaires incriminent des membres de l’institution. En 1996, la presse quotidienne médiatise un premier châtiment corporel qui a causé un handicap chez un élève. Une brève inspection académique conclut cependant à l’absence de violence au sein de l’établissement. En 1998, le père Pierre Silviet-Carricart, ancien directeur, est mis en cause pour des faits de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs. L’action publique est déclarée pénalement éteinte à la suite du suicide du prêtre après sa mise en liberté provisoire en 2000. En octobre 2023, d’anciens élèves se concertent sur un groupe Facebook, aboutissant au dépôt d’une centaine de plaintes. Le 5 février 2025, Mediapart révèle que le Premier ministre François Bayrou est intervenu en 1996 auprès d’un juge d’instruction pour prendre la défense de l’établissement et du père Carricart. En 2024 et 2025, plus de 212 plaignants dénoncent des violences et abus, ayant eu lieu principalement dans les années 1990, puis jusqu’à la fin des années 2010.

Des violences sexuelles

En avril 2025, elles s’élèvent à 90 plaintes. Selon plusieurs victimes, « Bétharram était un repaire idéal pour les pédophiles, il y avait de quoi consommer sur place dans un endroit isolé ». Une autre évoque un « système de prédateurs étalé sur 35 ans ». Alain Esquerre dénonce quant à lui « des connivences entre les laïcs et les pères pour abuser des enfants », un système de « pédophilie décomplexée » et que « tous les pères directeurs qui se sont succédé dans les années 80-90 étaient des agresseurs sexuels » qui « faisaient leur marché dans les dortoirs la nuit ».

Des violences physiques

En avril 1996, la presse révèle les différents types de châtiments corporels infligés en cas de manquement à la discipline. Sur la base des témoignages recueillis, plusieurs châtiments sont dénoncés, comme de violentes claques, des coups de pied, des coups de poing dans la tête, des coups de règle en bois sur les ongles, des fessées à même le corps, y compris avec une batte de cricket ; certains jeunes garçons se faisaient mettre à genoux sur une règle métallique jusqu’au sang, arracher les ongles et les cheveux. Des témoins décrivent « des tabassages en série », des « visages ensanglantés », des « coups très violents » et « des étranglements jusqu’à l’évanouissement ». Ils relatent d’autres sévices physiques, comme des piqûres sous-cutanées à l’eau ou à l’alcool, sur l’avant-bras ou la fesse, réalisées à l’infirmerie.

Les élèves pensionnaires pouvaient être punis pour le week-end, afin que les signes de maltraitance échappent à leur famille.

Un ancien élève présent en 1959 signale la présence d’une « salle des fouets » où les châtiments corporels étaient infligés. Selon son témoignage, « on attachait les gamins sur une table et on les fouettait avec des verges en osiers ou en bois divers ».

Dans certaines familles du Sud-Ouest, l’envoi à l’institut Notre-Dame de Bétharram, surnommée « l’école des frères tapent dur », est brandi comme une menace contre les enfants jugés trop turbulents. Les enfants de notables étaient épargnés. Parmi les victimes se trouvent plusieurs orphelins et enfants de parents divorcés. Certains élèves tentaient de s’évader de l’institution. Plusieurs fugues d’enfant, notamment le mercredi, sont rapportées. Les mineurs étaient ramenés par la gendarmerie de Nay, ou signalés par les habitants de la commune.

Violences psychologiques

Les élèves et internes dénoncent des violences psychologiques, un monde « de la rigueur et du silence », la moindre incartade estimée, inappropriée, comme un clignement, un sourire. « C’était violence, punition, humiliation ». Des proches relatent plusieurs suicides d’anciens élèves de l’établissement.
Un ancien professeur durant 18 ans relate le « climat de violence généralisé, de système de pression, d’emprise que certains avaient sur les élèves, notamment certains surveillants. […] C’étaient des violences à tout bout de champ, des humiliations. On rabrouait les élèves, on leur donnait des claques ». Les « élèves brutalisés devenaient eux-mêmes des brutes ».

Le marxisme et la religion

Les communistes combattent l’intégrisme, c’est-à-dire le fondamentalisme religieux, tout d’abord parce qu’il est un instrument de l’impérialisme et de la classe dominante, ensuite parce que le projet des intégristes est d’imposer par la violence leurs conceptions et croyances à tous les citoyens.
Les communistes combattent l’intégrisme également en raison de son caractère anti-démocratique à l’égard des minorités religieuses ou nationales et de leur mépris général des droits des femmes.

Concernant la religion en général, l’opportunisme politique, dans le mouvement ouvrier comme dans les autres domaines, a semé la confusion. Le Parti Communiste comme force matérialiste combat idéologiquement l’irrationalisme, les superstitions moyenâgeuses et les religions comme reflet de la difficulté à comprendre et à transformer le monde. Ainsi, le PCF à partir des années 60 prônait le « dialogue » entre marxisme et christianisme, c’est-à-dire entre le matérialisme prolétarien et l’idéologie idéaliste bourgeoise ; ce qui s’est traduit par un affaiblissement de la théorie révolutionnaire ; dans les années 80, dans les écoles du PCF, on allait même jusqu’à dire que « le marxisme n’est pas un athéisme ».

Autre thèse : « La religion est une affaire privée ». C’est juste quant à l’attitude de l’État socialiste qui reconnaît à la fois la liberté de conscience, le droit à pratiquer sa religion mais aussi le droit à la propagande anti-religion. Mais l’Etat n’est pas le Parti. Pour Lénine, le Parti ouvrier marxiste est lui engagé et défend un athéisme militant.

Les communistes, partant également du primat de l’approche de classe, travaillent à l’unité de la classe ouvrière, à l’union avec les autres travailleurs, indépendamment de leurs conceptions politiques et croyances ou non.

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