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D’un gouvernement bourgeois à un autre… - Parti Communiste Révolutionnaire de France

D’un gouvernement bourgeois à un autre…

Le 9 septembre 2025, François Bayrou démissionnait de son poste de Premier ministre après l’échec de son vote de confiance à l’Assemblée nationale. Le jour même, Emmanuel Macron nommait Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, au poste de Premier ministre, puis le renommait 4 jours après sa démission.

Alors que le mouvement du 10 septembre 2025 s’organisait depuis des mois, que les luttes de classes s’aiguisent, la démission de François Bayrou, deux jours avant le 10 septembre, apparaissait clairement comme une manière de canaliser les luttes des travailleurs et travailleuses et des masses populaires, alors que les conditions de vie et de travail se dégradent continuellement au fil des politiques menées par le gouvernement français.

La démission de l’un et la nomination de l’autre ne peuvent pas se comprendre que comme une victoire du prolétariat, mais aussi comme un besoin de la bourgeoisie française de faire tampon auprès des masses populaires.

Cette dynamique n’est en outre pas récente : les prestataires politiques de la bourgeoisie française ne cessent de se succéder au rythme de l’aiguisement des contradictions inter-impérialistes et des luttes de classes.

Alors que Sébastien Lecornu « 2 » devient le huitième Premier ministre sous les deux mandats d’Emmanuel Macron, d’Élisabeth Borne à Gabriel Attal, passant par Michel Barnier, tous n’ont eu comme rôle et mission que de faire valoir les intérêts de la bourgeoisie française, pour finalement partir lorsque la colère du prolétariat et des masses populaires se faisait trop ressentir dans les rues et par les grèves.

Lecornu « 1 » avait mis 27 jours pour constituer son gouvernement : un nouveau record dans l’histoire de la Ve République, jusque-là détenu par Michel Barnier avec 16 jours d’attente ; la formation d’un gouvernement prend en général pas plus de quelques jours, un délai de plus de cinq jours seulement étant généralement considéré comme exceptionnel.

Lecornu « 2 » a été plus rapide à dévoiler son nouveau gouvernement, qui sans surprise reste dans la continuité des précédents, avec 12 ministres sur 18 renommés.

Sans surprise également, des compromissions menées par le PS (suspension de la réforme des retraites de 2023, signifiant un départ temporaire à 62 ans et 9 mois pour les générations de 1964 et les suivantes ; et « une contribution exceptionnelle des grandes fortunes » ) permettent à Lecornu de sauver un temps son gouvernement, en tentant d’apaiser les luttes de classes et la tension populaire grandissante.

Néanmoins, le parcours personnel et politique de Lecornu permet de comprendre à quel point ce dernier se maintiendra dans la continuité de ses prédécesseurs et de la politique de Macron.

D’abord scolarisé en établissement catholique, Sébastien Lecornu envisageait de devenir moine avant de réaliser des études de droit ; à cette période, il commençait à militer dès ses 16 ans à l’UMP (désormais LR).

Après ses études, Sébastien Lecornu n’a jamais occupé d’autre emploi que des fonctions politiques, cela dès l’âge de 19 ans. Jusqu’en 2017, il fera toute sa carrière au sein de l’UMP : il deviendra notamment, à 22 ans, conseiller ministériel au sein du gouvernement de François Fillon sous Nicolas Sarkozy, puis sera un cadre local dans l’Eure où il deviendra Secrétaire départemental adjoint pour l’UMP en 2010, maire de Vernon en 2014 et président du conseil départemental en 2015, année où il deviendra membre du bureau national de l’UMP, devenus LR.

Il deviendra ensuite directeur adjoint de la campagne de François Fillon pour la présidentielle de 2017 avant de démissionner pour se rapprocher d’En Marche, le parti de Macron. Suite à l’accès à la présidence par ce dernier, Lecornu deviendra secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot, alors ministre “de la Transition écologique et solidaire”, puis il deviendra successivement ministre chargé des Collectivités territoriales en 2018, ministre des Outre-mer en 2020, ministre des Armées en 2022 et enfin Premier ministre en 2025.

L’entièreté de sa carrière politique sera marquée par des controverses notables.

Avant 2017, il se fera déjà remarquer pour ses positions homophobes, s’opposant aux couples de même sexe et se rapprochant de la Manif pour tous, ainsi que pour son opposition à la procréation médicalement assistée (PMA). Il sera fera également remarquer pour prioriser la lutte contre les “fraudeurs du RSA” et pour la fermeture de collèges en éducation prioritaire.

Ensuite, en 2017, alors qu’il préparait également les élections départementales dans l’Eure, il formera un binôme avec Catherine Delalande, membre de Sens commun, association nationaliste conservatrice formée en opposition au mariage pour tous et devenue aujourd’hui le parti Mouvement conservateur.

Après 2017, il se fera remarquer comme fervent défenseur de la présence militaire française en Afrique, défendant la base militaire permanente à Djibouti et les opérations militaires françaises sur le continent africain, sous couvert de “lutte contre le terrorisme” au service des populations locales – il affirmera d’ailleurs que l’une de ses plus grandes sources d’inspiration en politique est Pierre Mesmer, politicien du RPR (ancêtre de l’UMP et LR) qui occupa des postes à haute responsabilité dans l’administration coloniale française en Afrique après la Seconde Guerre mondiale et qui mena notamment la répression contre l’insurrection des indépendantistes et communistes du Cameroun, causant des milliers de morts.

Ministre des Armées, il présentera la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 qui doublera le budget des armées (de 32 milliards pour l’année 2017 à 69 milliards prévus par la LPM pour l’année 2030) ; il maintiendra également les exportations d’armes et composants vers Israël malgré le génocide à Gaza.

Ce profil démontre, sans aucun doute, qu’il s’agissait là d’un nouveau Premier ministre de droite prêt à mener toutes les politiques antipopulaires au service de la bourgeoisie, même si la remise en selle du PS a pu laisser penser un moment que de légères compromissions sur le budget étaient envisagées par le pouvoir.

Le patronat français semble en revanche toujours entièrement fermé aux franges plus radicales de la social-démocratie que constituent notamment LFI et le PCF, ayant besoin, autant que le permet le rapport de forces, de continuer à accroître l’exploitation du travail et la militarisation de l’économie dans le contexte actuel d’aiguisement continu des contradictions inter-impérialistes.

Mais malgré les quelques miettes lâchées par le gouvernement bourgeois, cela ne pourrait en revanche pas changer intrinsèquement l’état des choses : la politique qui se mènera au gouvernement ne sera effectivement qu’une politique de compromis temporaires avec le patronat français, dans les limites de ce que concédera ce dernier dans le contexte des luttes de classes et selon le rapport de forces en cours.

Les expériences passées de gouvernements de gauche en France, ou les expériences récentes en Grèce ou en Espagne par exemple, sont d’amers rappels de cette réalité.

C’est bien pour cela que, dans le contexte actuel, nous n’appelons pas à la simple démission des Premiers ministres ni même de Macron : nous appelons à amplifier l’organisation des luttes et à accentuer le rapport de forces du prolétariat et de l’ensemble des travailleurs et travailleuses contre cet État capitaliste qui, à tous ses niveaux, reste quoi qu’il arrive au service de la classe dominante.

Les luttes de classes en cours doivent ainsi continuer et s’amplifier, pas seulement pour un simple changement immédiat de gouvernement ni vers la conquête de compromis temporaires, mais aussi pour la satisfaction de mots d’ordre de rupture liés à une stratégie prolétarienne de se constituer en classe dominante en lieu et place du patronat.

C’est alors et seulement alors qu’il sera possible de résoudre définitivement les problèmes dont souffre la majorité de la population : des fins de mois difficiles à la crise environnementale, la précarité et la privation d’emploi, la destruction de l’ensemble des services publics, etc.

Cet objectif, notre Parti y travaille au quotidien pour constituer un état-major au service du prolétariat et de l’ensemble des travailleurs et travailleuses, pour le pouvoir de ces derniers.

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