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Projet de Loi Blanquer : une idéologie de droite extrême à l'assaut de l'école publique... - Parti Communiste Révolutionnaire de France

Projet de Loi Blanquer : une idéologie de droite extrême à l’assaut de l’école publique...

Depuis trente ans, de la loi Jospin (1989) à la loi Peillon (2013) en passant par la loi Fillon (2005), les textes législatifs et réglementaires adoptés alternativement par la droite et la social-démocratie n’ont eu de cesse de mettre en œuvre le dépeçage de l’école publique au service des monopoles et des idéologies les plus réactionnaires.

Avec le projet de loi sur « l’école de la confiance » (sic !), initié par le ministre Blanquer, et adopté en première lecture par les députés le 19 février 2019, une nouvelle étape est franchie, se caractérisant par sa brutalité et sa volonté destructrice, à l’image de ce qu’est le gouvernement Macron : autoritaire, méprisant, inégalitaire, répressif et rétrograde... La lecture des 25 articles de ce projet fait froid dans le dos, tant s’accumulent les preuves d’une politique de casse néo-libérale de notre système éducatif.

Musellement des enseignants, formatage des élèves, sur fond de nationalisme exacerbé

L’article 1 commence fort, avec la référence à « leur engagement et leur exemplarité », injonction qui concerne les personnels de l’Éducation nationale ; apparemment anodine, cette formule est lourde de menace, puisqu’elle retire aux enseignants leur liberté d’expression y compris en dehors de leur lieu de travail. Ensuite, l’article rend obligatoire la présence du drapeau tricolore, du drapeau européen et de la Marseillaise « dans chacune des salles de classe des établissements du premier et du second degrés, publics ou privés sous contrat ». Macron -Blanquer mieux que Le Pen, vraiment ? L’école publique a-t-elle pour fonction de développer l’idéologie nationaliste ?

Dans l’article 6, apparaît la création « d’établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux », qui consiste à regrouper des écoles avec un collège au sein d’un même établissement, à l’initiative des collectivités territoriales de rattachement. Cette mesure répond pleinement aux exigences à la fois réactionnaires et néo-libérales du gouvernement Macron : avancer vers la fermeture d’écoles rurales, placer les professeurs des écoles sous l’autorité hiérarchique de la direction du collège, faciliter les services partagés primaire -collège, les regroupements de niveaux, la bivalence des professeurs (donc remise en cause de leur statut...), supprimer des postes de fonctionnaires territoriaux, institutionnaliser deux catégories d’école, celle des « savoirs fondamentaux » (le « SMIC éducatif », en quelque sorte...) étant destinée aux enfants des territoires défavorisés. L’article 9 met en place un « Conseil d’évaluation de l’école » chargé « d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire » ; sur les 14 membres de ce conseil, 6 sont « choisis par le ministre chargé de l’éducation nationale » et 4 sont des « représentants du ministre chargé de l’éducation nationale », les 4 autres étant des députés et sénateurs désignés ; de quoi apprécier la belle indépendance affichée...
Les articles 10 à 12 remplacent les actuelles « ESPE » (Écoles où sont formés les professeurs) en « INSPE », « instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation », qui donnent au ministère l’autorité totale sur la nomination des directeurs d’école, ce qui contrevient aux traditions universitaires (actuellement les directeurs et directrices sont désigné-e-s par les enseignant-e-s). L’article 18 permet de modifier par ordonnances la composition et le fonctionnement des seules instances où sont réunis des représentants des personnels, des parents d’élèves, de l’État, du ministère et des collectivités territoriales. Ce même article vide un peu plus de sa substance les Conseils d’administration des collèges et lycées, puisqu’ils seront dépossédés de certaines de leurs compétences par la commission permanente (émanation ultra restreinte du CA...).

Un projet au service des intérêts privés

L’article 2 stipule : « L’instruction est obligatoire pour chaque enfant dès l’âge de trois ans et jusqu’à l’âge de seize ans. » Cette proposition n’est rien d’autre qu’un alibi pour obliger les communes à financer les écoles maternelles privées dès 3 ans (article 4). Ces deux articles constituent donc un cadeau de plusieurs dizaines de millions d’euros fait au secteur privé. Comme 99 % des enfants de 3 ans sont actuellement scolarisés, la mesure n’est en rien progressiste, puisqu’elle ne touche pas à la limite des 16 ans, alors que les besoins de formations au-delà de cet âge justifieraient pleinement un allongement de la scolarité obligatoire (qui imposerait le financement de ces formations sur fonds publics). L’article 6 institue des « établissements publics locaux d’enseignement international », qui seront financés en partie par des fonds privés, et pourront déroger à l’organisation pédagogique habituelle. Ces établissements élitistes, qui ont vocation à scolariser des élèves bilingues de la maternelle au lycée, constituent à nouveau un cadeau de l’État aux plus aisés.

L’entrée en force de la précarité dans les établissements scolaires

L’article 14 du projet de loi prévoit que les assistant-e-s d’éducation (« AED », aussi appelés « surveillants ») qui préparent les concours de l’enseignement pourront se voir confier des tâches d’enseignement. Payés 700 euros mensuels, pour 8 heures de cours par semaine (rémunération inférieure au SMIC, donc, car une heure devant élèves nécessite au moins une heure de travail en plus), ces étudiants de M1 sous contrat pourraient ainsi être mobilisés pour des remplacements, à un tarif défiant toute concurrence. Bien loin de régler le problème du manque de professeurs, cette mesure conduira à un renforcement de la précarisation de l’éducation nationale, avec la création d’un sous-statut de professeur, s’inscrivant dans un projet de casse du concours et du statut (voir notre article sur la Fonction publique...), avec la mise en œuvre d’une formation destinée à déboucher sur un recrutement direct par les chefs d’établissements. Ces quelques exemples montrent la cohérence de ce projet, qui articule autoritarisme tous azimuts et démantèlement du système public d’éducation, pour une école à moindre coût au service exclusif des monopoles.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France dénonce donc avec force ce projet de loi et appelle à amplifier les mobilisations engagées depuis le mois de mars (manifestations du 30 mars et grève du 4 avril), en faisant converger dans un même mouvement les familles, les travailleurs de l’éducation et les jeunes, pour le retrait de ce projet destructeur, pour l’abandon des réformes de l’orientation (Parcours-Sup) et du lycée, pour l’arrêt des suppressions de postes, pour l’augmentation des salaires dans l’Éducation... Autant de revendications urgentes et légitimes, qui doivent cependant nous amener à poser la question fondamentale : quel régime politique permettra à l’école de jouer véritablement son rôle de progrès social et d’enrichissement individuel ? Le socialisme, disons-nous, quand le capitalisme aura cédé la place sous la pression des masses en révolte organisée…

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