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La question de l'unité des forces communistes... - Parti Communiste Révolutionnaire de France

La question de l’unité des forces communistes...

... et celle de leur éparpillement et de leurs divisions.

Dans les manifestations, et à la fête de l’Huma, plusieurs camarades sympathisant(e)s du PCF, membres de celui-ci, ou sans engagement dans un groupe, nous ont fait la remarque, parfois de manière agressive, que nous (c’est-à-dire toutes les organisations ou groupes se réclamant du communisme) divisions, que « nous devions mettre nos divergences de côté, car le temps presse … ; qu’il fallait en finir avec les querelles ! ».

Nous comprenons ces réactions. Les travailleurs et les travailleuses, les étudiant(e)s et lycéen(ne)s, ressentent bien la nécessité d’un parti révolutionnaire, et le caractère catastrophique de la situation actuelle avec les attaques de la bourgeoisie, l’aggravation « macronienne »… Il nous faut donc répondre à leurs préoccupations, avec patience, mais aussi avec lucidité et modestie.

La première question à poser, c’est : l’unité pour quoi ?

Quelle unité avec le PCF, par exemple ? Ce parti, où quelques jeunes désœuvrés, semble-t-il, passent leur temps (sur les réseaux sociaux notamment) à persifler les communistes qui veulent reconstruire le Parti Communiste dont la classe ouvrière a besoin, a liquidé toute son identité révolutionnaire depuis 1976. Ce n’est pas de notre faute, mais de l’abandon de la dictature du prolétariat à l’antisoviétisme, en passant par la liquidation des cellules et du travail à l’entreprise, de la faucille et du marteau, et la promotion des gouvernements sociaux-démocrates, qu’est-ce que les travailleurs et travailleuses, la jeunesse, peuvent attendre d’un tel parti ? Comment oublier son attitude criminelle (je pèse mes mots) lors de la guerre contre la Yougoslavie, lors de l’agression contre la Libye ou contre la Syrie ? Nous ne sommes pas des partisans de Kadhafi ni du Baath, ce sont des représentants de la bourgeoisie. Mais pour autant (c’est la même chose pour les interventions au Mali, au Tchad, en CentreAfrique…), nous ne pouvons pas accepter de soutenir la politique d’agression militaire de l’impérialisme français. Les jeunes désœuvrés évoqués plus haut vont s’esclaffer : « Seulement militaire ? » Évidemment que non, mais il est vrai que comme communiste, la question de la lutte contre la guerre impérialiste, du refus de tout soutien à son impérialisme est dans notre ADN, comme on dit : c’est autour de cette question que le mouvement communiste est né, à partir de l’expérience du Parti Bolchevique. Et nos jeunes désœuvrés, qui font des remarques sur le caractère non marxiste-léniniste de notre orientation, qui n’ont pas compris grand-chose à la question de la jeunesse, ne sont que des rabatteurs, des entremetteurs, pour tenter de détourner la jeunesse de la voie révolutionnaire et faire survivre un peu plus longtemps un PCF qui ne fait plus rêver, qui n’a pas d’autre chose à proposer que la démocratisation de la banque centrale européenne ! Ce parti est devenu la cinquième roue du chariot social-démocrate, incapable d’exprimer la colère populaire ; ce parti prend pour modèle Syriza et Tsipras, cet Albert Thomas* du XXIe siècle, qui se prépare à s’attaquer au droit de grève après avoir réduit les travailleurs, les retraités, à la misère, et la jeunesse à l’exil. L’an passé, le PCF a invité un général de l’OTAN à la Fête de L’Humanité pour débattre. De quoi ? De la meilleure manière d’écraser les révolutions à venir ? Faire croire que ce parti, qui considère le PS comme son allié naturel, représente les intérêts populaires, c’est justement empêcher que l’unité de la classe ouvrière se fasse.

Car l’unité que nous visons, c’est celle-là. Du point de vue des marxistes, la classe ouvrière, le prolétariat, implique la conscience d’être une classe pour exister comme sujet historique.

Or l’unité avec le réformisme détruit la classe ouvrière comme sujet historique, puisque que cela l’empêche de jouer le rôle que sa position dans les rapports de production doit lui faire jouer : être le fossoyeur de la société capitaliste. Et donc ici, on peut voir que la bataille pour l’unité passe par la division : division entre révolutionnaires et réformistes, entre liquidateurs du mouvement révolutionnaire et ceux qui, malgré leur faiblesse et les difficultés, malgré les défaites, continuent à lever le drapeau du travail et de la révolution. Ces derniers tendent la main aux camarades qui, dans le PCF, se battent pour une autre orientation, même si nous pensons que leur combat a peu de chance d’aboutir si, à un moment ou à un autre, ils ne quittent pas le bateau avant qu’il ne coule. Et nous sommes prêts à tout débat, à toute action unitaire avec eux.

Mais, nous dira-t-on, d’accord pour le PCF, mais pourquoi tant de groupes communistes, pourquoi ne pas vous mettre d’accord ?

D’emblée, écartons ceux qui utilisent le mot « communiste » et les symboles, mais dont tout le parcours politique montre à l’évidence qu’ils sont anticommunistes : les trotskystes de tout genre, dont l’existence repose sur l’antisoviétisme et l’anticommunisme, qui ont bénéficié des fonds de la CIA pendant plus de cinquante ans pour lutter contre le mouvement communiste et les pays socialistes, et qui fournissent en Europe beaucoup de cadres à la social-démocratie, et aux États-Unis, les idéologues néoconservateurs, après avoir fourni toute une partie des dirigeants de la CIA. C’est aussi le cas pour les courants pro-albanais ou pro-maoïstes. À partir de leur apparition dans les années soixante, ils ont fait quoi, si ce n’est s’attaquer aux partis communistes et au camp socialiste ? Et là encore, avec le soutien des services de l’impérialisme. Ce n’est pas être conspirationniste, mais le secrétaire du parti maoïste de Norvège, reçu par Mao lui-même, travaillait pour la CIA depuis le début, comme on l’a découvert à sa mort. D’autres se sont rangés (regardez BHL et les journalistes issus de Libération). D’autres ont rejoint la social-démocratie. Quant au courant pro-albanais, aujourd’hui il défend des positions politiques pour le moins opportunistes, comme par exemple de considérer que l’OTAN est une société de bienfaisance au Kosovo. Par contre l’adversaire, comme pour les USA, c’est toujours le « socialimpérialisme » soviétique. Et que dire quand, après avoir eu des positions justes et courageuses dans un pays voisin des Hauts-de-France, ils font une percée électorale et qu’ils basculent dans l’ivresse de l’éther vers le Parti de la Gauche Européenne ?

Certes, mais les groupes communistes qui se réclament du marxisme-léninisme ? nous dira-t-on.

Oui, nous sommes divisés. Et pas à cause des insultes qui peuvent fleurir ici ou là à certains moments, ou parce que tel groupe a par exemple repris les initiales d’ Intervention Communiste pour son journal. Tout ça, ce sont des enfantillages qui n’aident pas, mais qui finalement n’ont pas une réelle importance. Il y a des divergences (un peu comme avec les camarades qui sont restés au PCF), elles sont graves, mais elles sont aujourd’hui des divergences entre communistes en France comme au plan international.

La divergence première, c’est la question de savoir si, notre époque étant celle du passage du capitalisme au socialisme-communisme, malgré la défaite de 1991, il doit y avoir une étape, un stade, un moment politique intermédiaire entre la période réactionnaire que nous connaissons et la révolution socialiste ? Et concrètement, l’action des communistes, s’il n’y a pas ce moment intermédiaire, c’est quoi si ce n’est de relier toute revendication, tout axe de lutte, toute perspective, à la révolution socialiste ? Que nous soyons faibles (ce qui est le cas de toutes nos organisations) n’a rien à voir. Nous ne disons pas que la situation est révolutionnaire, qu’il faut prendre le pouvoir. Un camarade nous a fait ce faux-procès dans un article. C’est de la mauvaise polémique. Nous disons simplement que si nous nous sommes cohérents, notre travail de communistes, c’est d’aider le prolétariat à retrouver sa conscience révolutionnaire, et que cela passe par une bataille politique et idéologique permanente dans le mouvement ouvrier et populaire pour expliquer, faire comprendre que la société bourgeoise n’a plus rien à donner et qu’il ne peut y avoir de solution aux problèmes des larges masses sans rupture avec le capitalisme, sans la nécessité de faire la révolution. Et que si la révolution ne reprend pas l’initiative, l’impérialisme, pourrissant, obsolète, conduit à la guerre mondiale comme à la catastrophe environnementale. Et, sans aller jusque-là, que si l’on ne prend pas garde à la manière dont on définit nos axes de lutte, nos mots d’ordre, ils peuvent déboucher sur de graves désillusions.

Mais, nous dira-t -on, ce que vous dites, personne ne le conteste !

Si c’est le cas, pourquoi soutenir Mélenchon ? Certes ses prestations sont meilleures que celles de Pierre Laurent. Mais c’est un peu facile. Car comment ne pas voir que derrière l’opération Mélenchon, c’est la reconstitution de la social-démocratie sur des bases radicales dans les mots, mais sans contenu politique autre qu’une gestion différente de la société… bourgeoise, et donc avec comme perspective des politiques anti-populaires. Nous entendons bien qu’une partie des masses fait son expérience, que cela peut déboucher sur un mouvement social profond. Mais au-delà du fait que l’histoire ne se répète que très rarement, il faut être clair : on ne peut pas s’attendre à des miracles de spontanéité. Si l’on accompagne, si l’on pousse les masses vers le réformisme, elles n’iront pas vers la révolution, mais vers la désillusion, voire la colère contre ceux qui les auront conduites dans l’impasse. La France Insoumise, même en rajoutant « Franchement », c’est un cul-de-sac pour l’avenir, justement parce qu’est écartée la nécessité de la révolution, et que l’objectif de ceux qui la promeuvent (je ne parle pas des camarades, mais de la campagne de promotion de JL Mélenchon), c’est bel et bien d’enfermer la classe ouvrière dans le dit cul-de-sac. En clair, c’est suicidaire pour le mouvement révolutionnaire, si ses composantes encouragent la recomposition du réformisme. Et dans le même temps, il nous faut aller au-devant de tous ces jeunes, ces travailleurs, qui sont à la recherche de solutions politiques, d’une alternative politique ; nous devons entamer le débat avec eux, pour viser à les organiser sur des bases révolutionnaires. La France Insoumise et Mélenchon, même ex-trotskiste, ce n’est ni la social-démocratie allemande de 1919-1933, ni Jules Moch et Guy Mollet. Nous avons expérimenté cela, malheureusement pas assez, pendant les campagnes électorales, et le débat était possible. Et en tout état de cause, il continue dans le mouvement syndical, dans les manifestations.

Deuxième question : le retrait de l’UE, de l’euro et de l’OTAN ?

Nous sommes tous sur cette position, et c’est positif. Mais il faut réfléchir à la manière dont concrètement nous voulons que ça se fasse. Pour l’OTAN, il est clair que le retrait de la France serait en soi un coup porté à l’organisation du monde impérialiste issue des années de la guerre froide. Pour autant, cela ne garantirait pas la paix si l’impérialisme français continuait sa politique hors de l’OTAN. Pour nous, le gaullisme n’a pas été en soi quelque chose de positif. Ce qui a été positif, c’est que les contradictions inter-impérialistes, pendant une période où existait le camp socialiste, ont permis d’opposer les impérialistes entre eux, que cela a favorisé le combat des peuples vietnamien et laotien. Mais la politique de De Gaulle était la politique impérialiste de la France, et à ce titre, elle devait être combattue par la classe ouvrière, comme l’avait souligné avec force Maurice Thorez au moment de la bataille contre le groupe Servin-Casanova. Quant à l’UE et l’euro, là aussi il faut prendre garde aux étapes. Tout d’abord, la sortie de l’euro ne règlera rien. Le retour au franc, surtout si la France reste dans l’UE, a peu de chance de permettre la satisfaction des besoins des travailleurs. Par conséquent, avancer l’idée que la sortie de l’euro serait en elle-même positive pourrait amener à de graves désillusions. En fait, il faut lier la sortie de l’UE et de l’euro, la première assurant la seconde bien entendu. Mais là encore, on ne peut pas, si l’on repousse l’idée opportuniste de l’étape, ne pas poser la question : sortir de l’UE et de l’euro pour quoi faire ? Encore moins aujourd’hui qu’hier, où le Brexit démontre que des fractions de la bourgeoisie monopoliste peuvent se trouver favorables à un retrait de l’UE. Et dans ces conditions, cela sera-t-il favorable aux travailleurs ? Personne ne le pense. Alors il n’y a pas quatre sorties, mais il n’y en a qu’une qui va dans le sens des intérêts de la classe ouvrière : c’est une sortie anticapitaliste de l’UE, une sortie contre la bourgeoisie, en s’attaquant au grand capital, en expropriant les moyens de production et d’échange, en construisant le pouvoir populaire et en préparant l’affrontement avec la bourgeoisie pour renverser sa domination et faire triompher la révolution. Il est évident que tout en restant indépendant, le parti révolutionnaire pourra, comme le font nos camarades du Parti communiste du Venezuela, accompagner telles ou telles mesures qui iront dans le sens de l’intérêt des travailleurs, si le rapport des forces ne permet pas immédiatement à la classe ouvrière de prendre la direction du mouvement. Mais notre position de révolutionnaires dans la bataille, c’est d’expliquer que sans une politique visant à la rupture avec le capitalisme, la sortie de l’UE n’apportera rien aux travailleurs. Voilà quelques éléments de réponses à ceux qui se désespèrent de voir les communistes désunis. Il faut que nous réglions ces questions, que nous les discutions, sans que cela empêche l’unité d’action contre la politique du grand Capital et de Macron, pour la renaissance du syndicalisme de classe, contre les guerres impérialistes. Nous sortons d’une expérience ratée d’unification. Nous en avons tiré la conclusion qu’il ne fallait pas griller les étapes, que l’unité d’action devait être le moteur du rapprochement sur la base de discussions approfondies, sans rien laisser de côté. Mais nous sommes confiants dans le fait que l’unité des communistes se réalisera et le plus tôt sera le mieux.

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