OPA Véolia / Suez : NON à la loi des monopoles casseurs d’emplois !
Alors que la pandémie de Covid-19 fait toujours rage en France, avec ses conséquences désastreuses et catastrophiques pour le peuple travailleur, Veolia réalise un projet muri depuis plusieurs années : une fusion avec Suez pour créer un grand monopole de l’eau, de la propreté et des services énergétiques.
Cette opération a commencé en septembre dernier par le rachat des 30% de parts qu’Engie possède chez Suez. Aujourd’hui, les grands médias minimisent cette affaire qui revêt pourtant une importance capitale pour la pérennité des emplois, des sites industriels et de la gestion de l’assainissement et de la distribution de l’eau pour les communes et les collectivités locales. Ce sujet mérite donc d’être abordé en profondeur car il suscite des inquiétudes légitimes.
Pour commencer, nous proposons ci-dessous un petit récapitulatif sur Veolia et Suez :
- Veolia est issu du développement de la Compagnie générale des eaux (CGE) dans d’autres secteurs d’activités (la gestion des déchets, l’énergie, les transports, la construction et l’immobilier) de 1976 à 1996. La CGE devient le groupe Vivendi en 1998 et se développe grâce à la destruction continue des services publics au cours de la fin des années 90 et du début des années 2000, et notamment dans l’audiovisuel, avec la première chaine payante de France (Canal+), dans les télécommunications avec SFR et Cegetel, ainsi que dans l’énergie avec Dalkia. Au cours des années 2000, le désengagement progressif du groupe Vivendi de son pôle environnement, recentré sur l’eau et les services aux collectivités, donnera naissance à Veolia.
- Le groupe Suez, quant à lui, est spécialisé dans la gestion de l’eau et des déchets, tout en étant le premier fournisseur privé d’eau dans le monde. Anciennement Lyonnaise des eaux, il s’est aussi développé sur les décombres des services publics depuis les années 90. C’est ainsi que ce monopole a fusionné avec Gaz de France, privatisé en société anonyme en 2004, pour créer GDF-Suez en juillet 2008. Auparavant, Suez avait regroupé toutes ses activités liées à l’environnement dans sa division Suez-Environnement en 2003. Après plusieurs années de gros développement, GDF-Suez devient officiellement Engie et dans la foulée, Suez-Environnement devient une filiale du groupe, renommée simplement…Suez.
Ce projet de rachat de Veolia par Suez représente des enjeux importants.
- Tout d’abord, ce projet engendra inévitablement une grosse casse sociale et industrielle en France. Selon Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité d’entreprise européen de Suez, « l’autorité de la concurrence demandera certainement à Veolia de céder des pans entiers d’activité. Il y aura forcément une grosse casse sociale, rien que pour l’eau, ce sont 29.000 emplois chez Suez, dont 75% devront être cédés. Si on applique le taux de 20% qui est retenu pour les restructurations, cela fait 4 à 5.000 emplois supprimés. » Heureusement, la riposte des travailleurs de Suez s’a commencé à s’organiser, notamment avec une journée de mobilisation de l’intersyndicale de Suez le 22 septembre dernier devant la tour d’Engie à la Défense. Cette manifestation a rassemblé plusieurs centaines de salariés du groupe de traitement de l’eau et des déchets Suez.
- Ensuite, la situation de quasi monopole de la nouvelle entité risque de faire grimper les tarifs de l’eau pour les contribuables, et de déstabiliser les services publics fragilisés par les politiques réactionnaires menées depuis plus de 40 ans par les différents gouvernements en France. Comme le signale le présient de l’Association des maires de France : « le seul acteur qui sera à même de pouvoir exploiter et construire des usines, ce sera un seul acteur. Par conséquent, les usagers […] seront obligés de passer par cet acteur qui pourra dicter sa loi […] surtout pour augmenter les prix. »
Le capitalisme-impérialisme, c’est la casse continue des emplois, des savoirs-faire, des outils industriels et des services publics au seul profit des possédants.
- Enfin, ce projet d’OPA révèle un autre important scandale d’État. Selon Médiapart, le conseil d’administration d’Engie, réuni le 5 octobre 2020, a approuvé la vente de sa participation dans Suez à Veolia sans la moindre garantie sociale et industrielle de la part de ce dernier, grâce au soutien déguisé de la CFDT, qui compte 2 administrateurs sur 4 (avec 1 CFE-CGC et 1 CGT). Au moment du vote sur la cession des actifs d’Engie dans Suez à Veolia, les représentants de la CFDT ont quitté la réunion, laissant ainsi passer l’acceptation de cette offre de Veolia par Engie. Toujours selon Mediapart, c’est Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, qui a convaincu la CFDT de « tuer le match » ; Laurent Berger a nié cet appel, mais reconnu la non participation de sa centrale au vote. Cette affaire montre comment le syndicalisme « réformiste » CFDT joue son rôle d’aménagement du capitalisme, de résignation et de courroie de transmission des politiques des monopoles. Les fusions pour créer de super-monopoles sont une caractéristique du capitalisme à son stade impérialiste (Lénine).
Ainsi se confirme le caractère toujours plus obsolète et destructeur du capitalisme-impérialisme, un système fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange ainsi que sur la concurrence libre et non-faussée. Plus la crise systémique de ce mode de production s’intensifie, plus s’accentuent également les processus de casse des emplois, des sites industriels, des services publics et des écosystèmes. Le capitalisme-impérialisme, c’est le problème et pas la solution.
Le syndicat CGT de Suez soutient l’offre alternative esquissée par le fonds d’investissement français Ardian qui, selon les mots de Franck Reinhold von Essen, « coche toutes les cases » avec « un projet industriel qui préserve l’intégrité de Suez, une garantie de l’emploi et c’est une offre 100% française. » Cependant l’assainissement et la distribution de l’eau, ainsi que la gestion des déchets, doivent relever d’un choix démocratique pour les populations, car ils se trouvent au coeur de l’aménagement des territoires et de la qualité de vie. Cela permettra également le développement de nouveaux savoir-faire et de nouveaux besoins à combler, rendant nécessaires des créations d’emplois, le développement des industries et une meilleure préservation des écosystèmes.
C’est pourquoi le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) revendique la création d’un grand pôle de service public de l’assainissement et de la distribution de l’eau ainsi que du traitement des déchets, dont la gestion centralisée et démocratique incombera aux travailleurs eux-mêmes. Le prix de l’eau baissera drastiquement et la qualité sera meilleure, pareil pour la gestion des déchets et la propreté des rues. Seulement si la lutte doit commencer dès maintenant, une telle nécessité n’est pleinement possible que sous le socialisme-communisme, une société dans laquelle le peuple travailleur sous la direction du prolétariat aura renversé le capitalisme-impérialisme pour établir sa propre dictature (pouvoir) sur les exploiteurs, élevé tous les moyens de production et d’échange au rang de propriété collective de tous les travailleurs, et établi une planification centralisée et démocratique de la production selon les besoins des populations et des territoires.
Le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) exprime son soutien fraternel au combat des travailleurs de Suez en lutte contre l’OPA de Veolia ; et il appelle tous les travailleurs à défendre les services publics et à revendiquer leur renforcement.