SNCF : soutien aux cheminots en droit de retrait !
Le samedi 19 octobre 2019, les cheminots de la SNCF ont exercé leur droit de retrait, c’est-à-dire le droit de se retirer d’une situation de travail présentant un « danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé », à la suite d’un accident survenu dans les Ardennes, un TER ayant percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau.
Le déroulement des faits a montré qu’en l’absence de contrôleur à bord de ce train, le chauffeur, bien que blessé, a dû mener seul, et avec beaucoup de difficultés, toute la procédure d’alerte et de mise en sécurité des passagers ; si ce chauffeur avait été plus gravement blessé, il apparaît qu’une catastrophe aurait pu se produire. Le droit de retrait était donc légitime, et l’inspection du travail l’a d’ailleurs validé.
Depuis fin 2018, la SNCF a mis en place un dispositif appelé « équipement agent seul » (EAS). Dans ce dispositif, le conducteur assure lui-même la fermeture des portes, fait les annonces et surveille les passagers. Des opérations normalement assurées par le contrôleur. Pour que le conducteur soit autonome, les trains sont notamment équipés d’un système de fermeture automatique des portes, d’un dispositif audio et de caméras.
Depuis le lancement de ce dispositif, les syndicats le dénoncent comme un abandon de la mission de service public du rail nuisible à la sécurité. En effet, le contrôleur assure également la sûreté du train, la sécurité des passagers et la communication avec ces derniers en cas d’interrogations ; en son absence, c’est le chauffeur du train qui récupère ces missions-là. En conséquence, l’absence de contrôleurs dans les trains a aggravé les problèmes de sécurité, avec des agressions physiques, notamment le soir. De plus, quand les passagers arrivent en gare, montent dans le train, et arrivent à destination, il n’y a personne ; une déshumanisation génératrice de stress et de menace accrue pour la sécurité.
Mais tout cela n’empêche pas Guillaume Peppy, PDG de la SNCF, d’affirmer qu’ « il n’y a tout simplement pas de différence de niveau de sécurité (...) entre configuration sans contrôleur et configuration avec contrôleur ».
Ce dispositif intervient à moment où, après l’adoption du quatrième "paquet ferroviaire" par la Commission européenne en 2014 et l’adoption de la loi « pour un nouveau pacte ferroviaire » en 2018, la SNCF se prépare à l’ouverture du rail à la concurrence, avec son lot de suppressions de postes et de course à la rentabilité.
Ce dispositif s’inscrit donc dans une démarche et une finalité très claires : transformer la SNCF en une entreprise privée en concurrence avec d’autres acteurs sur un marché du rail construit sur les décombres du service public.
De son côté, le gouvernement, toujours soucieux de casser les conquêtes sociales et démocratiques des travailleurs, déplace le curseur du débat sur la question de la légitimité de cette grève ou non. Edouard Philippe, Muriel Pénicaud, et même Emmanuel Macron, chacun-e y est allée de ses accusations de « grève sauvage », afin de dresser l’opinion publique contre les cheminots en lutte, en évacuant la responsabilité première de la SNCF, et poussant leur haine de classe jusqu’à demander à la SNCF de poursuivre en justice les travailleurs qui ont exercé leur droit de retrait.
Cela montre encore une fois le caractère d’extrême-droite de la politique de ce gouvernement, dans ses actions comme dans ses réactions.
Le problème, c’est le capitalisme dans sa phase impérialiste. En effet, aujourd’hui ce mode de production traverse une crise structurelle de plus en plus violente entraînant une aggravation de la baisse tendancielle du taux de profit et de la concurrence entre monopoles. Pour contrecarrer ces phénomènes, la bourgeoisie monopoliste casse les conquêtes sociales et démocratiques des travailleurs, aggrave le danger de guerre, détruit les écosystèmes et l’environnement, et casse les services publics pour conquérir de nouveaux secteurs et de nouvelles parts de marché.
Le développement du transport routier contre celui du fret ferroviaire, tout comme la fermeture de petites lignes et de petites gares « non rentables », ainsi que le choix de développer le TGV contre un développement harmonieux du transport ferroviaire montrent encore que le capitalisme ne permet plus que des régressions spectaculaires au nom de la recherche du profit à tout prix.
Le développement de modes de transport rapides, sûrs, respectant les écosystèmes et l’environnement, et satisfaisant les besoins des populations et des territoires, est aujourd’hui un enjeu de classe fondamental pour le peuple travailleur, mais irréalisable sous le capitalisme.
Cela sera une réalité dans une société dans laquelle le prolétariat, allié aux autres couches travailleuses de la société, se sera organisé en classe dominante, organisant aussi sa dictature sur les exploiteurs, aura socialisé les moyens de production et d’échange, et organisera la production selon les besoins des populations et des territoires par une planification centralisée et démocratique. Cette société s’appelle le socialisme-communisme.
Le Parti Communiste Révolutionnaire de France exprime son total soutien aux cheminots en lutte, et appelle les travailleurs à ne pas céder aux sirènes de la division, car la lutte des travailleurs de la SNCF est une lutte menée dans l’intérêt de toute la classe ouvrière et des couches populaires.