Logement : un toit, c’est un droit !

Avec l’inflation continue des prix et la stagnation des salaires, la crise actuelle se traduit aussi par des difficultés croissantes pour les travailleurs à accéder à un logement décent.

Le 2 décembre 2022, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi visant à protéger les propriétaires contre les squatteurs et les locataires ne payant pas leur loyer.
Ce texte réprime plus sévèrement le squat en le rendant passible de 3 ans de prison et de 45 000 euros d’amende ; il étend la notion de squat aux logements non meublés (qui étaient jusque-là exclus par les juges) et prévoit qu’il y a squat même s’il n’est pas possible de prouver que le maintien dans le logement a été précédé d’une introduction forcée. Ce texte est complété par la création d’un nouveau délit "d’occupation frauduleuse d’un local à usage d’habitation ou à usage économique" visant le squat ainsi que les locataires défaillants qui se maintiennent dans un logement une fois la procédure judiciaire d’expulsion terminée. De plus, le texte prévoit l’insertion systématique d’une clause de résiliation automatique en cas d’impayés de loyers, et autorisant le propriétaire à provoquer la résiliation automatique du bail lorsqu’un commandement de payer est demeuré infructueux, sans préalable action en justice. Ce texte sera débattu au Sénat, courant janvier 2023.

Les associations de défense des locataires et des personnes mal-logées, ainsi que la CGT, ont immédiatement dénoncé cette loi.
Selon Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre : " quand on squatte un logement vacant […], c’est parce qu’on n’a pas d’autre solution ; ce texte va accélérer les expulsions locatives". Selon Droit au logement (DAL), cette loi est « la prison ou la rue » et prépare la mobilisation pour début janvier 2023. De son côté, la CGT parle d’un texte « qui atteint les plus précaires » et qui, « ne vise qu’à […] criminaliser les occupations de logement vides par des squatteurs ainsi que les défauts d’acquittement de loyers par des locataires en difficulté. » D’autant plus que « faute d’augmentation et de revalorisation des salaires, les retards de paiement des loyers risquent d’exploser », conduisant « les gens […] dans une difficulté encore plus grande. »

En France, la crise du logement est profonde et complexe.
Depuis plusieurs années, les travailleurs payent les pots cassés d’une crise du logement qui s’aiguise toujours plus. Ainsi selon les chiffres la Fondation Abbé-Pierre, entre 2012 et 2016, on est passé de 3 millions de « mal logés » à 4 millions, et de 5 millions de personnes fragilisées par des difficultés liées à l’habitat (précarité énergétique, locataires en impayés de loyer, etc.) à 12 millions. Selon les chiffres de l’INSEE, la part des revenus consacrée par les ménages à leur logement, inférieure à 10 % dans les années 1960, dépasse 18 % en 2013. Cette proportion est proche des 30 % pour les locataires. Dans le même temps, le nombre d’expulsions locatives explose d’année en année, surtout manu militari, puisque, selon la Fondation Abbé-Pierre, plus de 36 000 personnes ont été expulsées de leur logement par des forces policières en 2018, soit une hausse de près de 3 % par rapport à l’année précédente.

Le caractère inédit de cette crise provient du fait qu’une partie des logements existants sont vacants.
Selon l’INSEE, la France comptait 37 millions de logements au 1er janvier 2020. Depuis plus de 15 ans, la part des résidences principales diminue légèrement au profit des logements vacants et plus récemment des résidences secondaires et logements occasionnels. Aujourd’hui, 3 millions de logements sont vacants, soit une hausse de plus de 60% en l’espace de 40 ans. Ce scandale des logements vacants en pleine crise du logement pourrait prendre fin avec la réquisition de logements vides par l’État ou les mairies ; mais la réalité, étayée par les chiffres de l’INSEE, prouve que cette mesure n’a été appliquée par aucun gouvernement depuis… 1945 (ordonnance liée au contexte post-seconde guerre mondiale) !

La politique de classe, menée par les gouvernements bourgeois depuis plusieurs décennies, est clairement responsable de cette crise.
Outre la non augmentation générale des salaires malgré l’inflation, la baisse des aides personnelles au logement (APL) de 2017 a fragilisé encore plus les travailleurs et leurs familles, et particulièrement les plus modestes. De plus, malgré la loi SRU et son article 55 (qui oblige certaines communes à disposer d’un nombre minimum de logements sociaux, proportionnel à leur parc résidentiel), le logement social est toujours le parent pauvre des politiques publiques. Aujourd’hui plus de 2 millions de personnes sont demandeuses d’un logement social, dont 1 million sont en attente depuis plus d’un an. Les constructions de logements sociaux sont en forte baisse : on est passé de 124 000 logements construits en 2016, à seulement 95 000 en 2021. Enfin, les politiques menées concernant le logement, depuis plusieurs décennies, se sont aussi concentrées sur l’accès à la propriété, ce qui a contribué à augmenter le nombre de logements vacants ainsi qu’alimenter la spéculation immobilière.

Les sources de cette politique catastrophique et réactionnaire, ainsi que de son aggravation, sont à rechercher dans le capitalisme-impérialisme et son évolution.
Fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange entre les mains d’une minorité d’exploiteurs ainsi que sur l’accroissement continu de leurs profits dans le cadre d’un environnement toujours plus concurrentiel, le capitalisme-impérialisme démontre qu’il est LE problème et pas la solution. D’autant plus que l’aiguisement de la crise générale de ce mode de production et d’échange intensifie les difficultés pour les travailleurs à se loger correctement. Et l’État capitaliste étant "de classe", donc au service de sa bourgeoisie et non pas de l’intérêt général, il n’est pas plus "protecteur" en matière de logement qu’il ne l’est pour l’ensemble des services publics.

Pourtant une politique alternative permettant de loger tout le monde décemment est possible, et l’exemple soviétique le démontre.
Déjà le pouvoir d’achat a progressé de 600% de 1917 à 1954 et le logement avec le chauffage étaient à prix modique. De plus le volontarisme politique du pouvoir ouvrier a permis d’effacer l’effroyable héritage du tsarisme et des destructions de la Seconde Guerre mondiale pour élever continuellement les normes d’habitation. Dans son ouvrage paru en 1947 et intitulé « La médecine et la santé en Union soviétique », le docteur Henry Ernest Sigerist y livre une analyse. Héritant de la situation très difficile issue de la Russie tsariste, la tâche du pouvoir soviétique dès la Révolution d’Octobre consistait à élever les conditions d’hébergement pour tous les travailleurs et leur famille. « Le 20 août 1918  », juste après la Révolution d’Octobre, « toutes les maisons de cinq appartements ou plus ont été nationalisées, et rien qu’à Moscou, 300 000 personnes ont pu quitter les bidonvilles pour des maisons plus saines. » Mais cela ne correspondait qu’à des mesures d’urgence prises dans le courant de la guerre civile. « Les bidonvilles ont été démolis et de nouveaux quartiers ont été construits  » à partir du premier plan quinquennal, au cours duquel « 3,5 milliards de roubles ont été dépensés pour la construction de maisons, créant ainsi 29 millions de mètres carrés de surface au sol » et permettant l’aménagement de « cinq millions de personnes […] dans de nouveaux appartements » rien qu’à Moscou. Là aussi « les autorités sanitaires [jouaient] un rôle important dans [le] travail de [construction] », puisque « chaque plan et chaque bâtiment [étaient] examinés par des inspecteurs du logement spécialement formés. » Pour finir, le pouvoir soviétique voulait aussi améliorer continuellement le cadre de vie de la population. À Moscou dans les années 30, « le gouvernement soviétique lanc[ait] une nouvelle idée dans la construction de villes » : la mise en place de « groupes d’unités urbaines, chacune possédant toutes les installations de vie, éducatives, récréatives, médicales et autres dont un groupe de personnes a besoin », « chaque unité aura ses parcs et […] la ville sera entourée d’une ceinture forestière. »
Cette politique du logement de l’URSS est la conséquence de son régime Socialiste-Communiste. Fondé sur la propriété collective de tous les moyens de production et d’échange entre les mains de tous les travailleurs de la société, sur la dictature de classe de ces derniers sur les exploiteurs grâce à leur appareil d’État construit sur les ruines de celui des monopoles, ainsi que sur une planification centralisée et démocratique de la production pour répondre aux besoins des populations et des territoires, le Socialisme-Communisme garantira un logement décent pour tous ainsi que qu’une élévation continue de leur niveau de vie. Tout est dit.

La démarche du Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) repose sur la démonstration que seul le Socialisme-Communisme permettra la résolution de tous les problèmes et de tous les enjeux posés aux travailleurs.
C’est pour cela que nous avons lancé les campagnes « Accusons le capitalisme  », dont celle « Contre la vie chère », pour démontrer que le combat contre la vie chère et l’inflation des prix, dans lequel celui pour le droit à un logement décent pour tous, contre le mal-logement, l’augmentation continue des prix des loyers, et la spéculation immobilière, en fait intégralement partie, fait partie intégrante du combat de classe contre le capitalisme-impérialisme et pour le Socialisme-Communisme.
Dans le cadre de cette campagne, notre Parti appelle à renforcer la lutte contre la hausse des loyers comparés au profit des monopoles de l’immobilier et du bâtiment, contre les expulsions et pour les réquisitions des immeubles détenus par les monopoles, les compagnies d’assurance, les banques, les rentiers, pour la construction de 500.000 logements sociaux par an, ainsi que pour la création d’un service public national et municipal du logement social.
À l’occasion du centenaire de la fondation de l’URSS, le 30 décembre 1922, le PCRF souhaite également rappeler les succès du socialisme pour la vie des travailleuses et travailleurs, lors de l’initiative du 14 janvier 2023, qui se déroulera en région parisienne, afin de redécouvrir son exemple et démontrer que le Socialisme-Communisme représente l’avenir de la société humaine.

Le capitalisme menace notre pouvoir d’achat et notre droit à un toit ? Accusons-le et renversons-le !

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