Le PCRF à Berlin pour la conférence internationale de la Kommunistiche organisation : « Impérialisme, guerre, et stratégie révolutionnaire »

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France a participé, les 12 et 13 janvier 2024, à la conférence internationale organisée par la Kommunistische Organisation (KO), à Berlin intitulée « Impérialisme, guerre, et stratégie révolutionnaire ».

Aux côtés de Partis frères membres de l’Action Communiste Européenne tels que le Parti du Travail Autrichien (PDA) ou le Parti Communiste de Suède (SKP) mais aussi d’autres Partis communistes révolutionnaires à l’échelle mondiale comme le Parti Communiste du Mexique (PCM), nous avons pu travailler collectivement à l’analyse de l’impérialisme mondial dans sa crise contemporaine, de ce que cette crise devait indiquer aux communistes comme perspectives stratégiques tout comme de tendances révisionnistes à savoir combattre. Suite à un débat public de la KO, le vendredi soir, ouvrant la conférence sur la stratégie révolutionnaire à adopter contre la bourgeoisie allemande et son Etat, le samedi fut l’occasion pour notre Parti de retrouver nos camarades ukrainiens de l’UCU (Union des Communistes d’Ukraine), ainsi que d’autres organisations ukrainiennes et russes (Front du travail d’Ukraine et RKSM(B) de Russie), en vue de s’informer par des sources de première main sur les évolutions de la guerre impérialiste ayant lieu, le rôle du chauvinisme afin de dompter les travailleurs pour la guerre, ainsi que la féroce répression dont font preuve l’Etat russe et l’Etat ukrainien. L’après-midi fut l’occasion d’intervenir avec nos camarades autrichiens et suédois sur le sujet de la lutte conte l’opportunisme en Europe aujourd’hui, la reconstruction et consolidation d’un Parti révolutionnaire et ces défis à l’heure de la reconstruction d’une organisation à l’échelle européenne sous l’ACE.

Notre Parti eut l’occasion d’une présentation de son travail idéologique sur les conditions nationales spécifiques à notre opportunisme, ces formes prédominantes, ainsi que l’histoire complexe du PCF à cerner en tant que Marxiste-léniniste en vue d’un travail de bolchevisation nécessaire. Suite à cette présentation s’en est suivie une discussion et un débat entre nos trois organisations, où le public put poser des questions franches reflétant les besoins du mouvement communiste international : en quoi l’Action Communiste Européenne aide-t-elle à la lutte contre l’opportunisme ? Quels liens entre directions syndicales (en Autriche ou en France), et l’Etat bourgeois ? Comment appliquer les méthodes communistes dans le Parti afin de rompre avec les méthodes sociales-démocrates dépassées et coupables devant la classe ouvrière ? La soirée s’est ensuite terminée sur une présentation du PCB-RR (Brésil), du PCM (Mexique), et du PCV (Venezuela), sur la situation en Amérique latine et la lutte difficile contre une social-démocratie sachant pleinement jouer sur les illusions d’un monde « multipolaire » afin d’embrigader les classes populaires sous leur coupe sous le gouvernement Lula, voire en réprimant violemment nos camarades comme avec le gouvernement Maduro.

La conclusion de cette conférence fut une participation avec la KO à la manifestation annuelle LLL (Lénine, Liebknecht, Luxemburg), consistant en une marche sur toute la Karl-Marx-Allee jusqu’au cimetière des socialistes, lieu de recueillement et de commémoration aux camarades allemands tombés lors de l’insurrection spartakiste. La manifestation fut marquée par une grande violence policière (15 manifestants envoyés à l’hôpital, 10 grièvement blessés), à cause du soutien au peuple palestinien et sa lutte, scandé dans nos mots d’ordres. Nous sommes fiers d’avoir participé à ce cortège qui sut faire montre de cette discipline de classe dont seuls sont capables les Marxistes-Léninistes, n’ayant rien lâché ni battu en retraite tant que la police bourgeoise ne relâchait pas nos camarades au sol.

Nous eûmes également l’opportunité de rencontres bilatérales avec nos camarades de la KO, ainsi qu’une prise de contact pour d’autres prochaines rencontres dans les semaines à venir (RKSM(b) afin de renforcer notre lutte contre l’Etat français et son soutien à la guerre criminelle et bourgeoisie en Ukraine ou le PCB-RR afin de continuer à fortifier nos liens avec l’Amérique latine). La KO est issue d’une scission fraîche de un an, suite à la compromission de la KO (portant encore le même nom donc) face à leurs positions ambiguës sur la bourgeoisie Chinoise et Russe dans les contradictions inter-impérialistes. La question à l’ordre du jour pour la KO est donc la reconstruction d’un authentique Parti Marxiste-léniniste allemand reconnu nationalement par son prolétariat, le démontre le mot d’ordre « Clarté, Unité, Organisation ».

La KO put exposer son travail idéologique soutenu depuis un an : analyse de l’impérialisme mondial aujourd’hui, des données objectives sur la bourgeoisie Chinoise aujourd’hui, les sources de l’opportunisme allemand et comment le combattre, ou encore un ensemble de thèses programmatiques ayant valeur de base de programme pour le futur Parti en construction. Nous avons pu également échanger sur notre expérience dans cette épreuve de lutte que traverse toute organisation et Parti communiste Européen aujourd’hui : notre propre travail sur l’histoire du socialisme en URSS et les sources de la contre-révolution, nos analyses des intérêts de l’Etat français en Afrique du nord et au Sahel, ou encore nos méthodes de travail par cellule communiste d’entreprise afin de rompre avec une organisation de base pensée sur un mode électoraliste. Il a été également abordé le processus long de clarification et de mises à jour des contradictions entre les différentes organisations se réclamant du Marxisme-léninisme en vue d’une unité sous un seul Parti révolutionnaire.

Notre travail mené depuis la fondation du PCRF en direction de telles organisations, à travers ses succès, ruptures, et difficultés, fut un enrichissement mutuel au regard du travail similaire mené par la KO : débat public tel que celui de la première soirée de la conférence, confrontations sur les questions essentielles de la stratégie révolutionnaire unitaire nationalement sous la direction d’un Parti obéissant au centralisme démocratique ou encore la nature de l’Etat bourgeois et ses révisions ou déviations. Nous remercions la KO une nouvelle fois pour son invitation, et lui souhaitons tout le succès possible dans les multiples épreuves que doivent affronter tous les communistes honnêtes dans cette lutte éprouvante et longue qu’est la reconstruction d’un Parti révolutionnaire dans l’un des cœurs de l’impérialisme mondial, l’Allemagne, comme pour nous la France.

L’internationalisme prolétarien est l’un des axes majeurs d’une telle reconstruction, dans les débats et partages d’expériences qu’il permet, comme a su le prouver la réussite de cette conférence menée par la KO et tous nos partis frères.

Internationalisme communiste : de l’ICE à l’ACE : Intervention du PCRF à Berlin, à la Conférence de la Kommunistische Organisation

Pour commenter l’expérience de l’ICE, nous pouvons commencer par un point classique sur la théorie : trois objectifs de formation idéologique d’un parti et de ses militants, dans Que faire ? de Lénine. Ces objectifs sont les suivants : être capable de reconnaître ce qui est marxiste et ce qui ne l’est pas qualitativement et quantitativement, à quelle intensité, quelle est la force de la production théorique et de la ligne d’un parti. De plus, être capable d’utiliser les expériences internationales pour son Parti et être capable de reconnaître ce que nous ne pouvons pas utiliser en raison de nos conditions spécifiques. Enfin, être capable de prendre en compte sa propre particularité nationale face à la lutte internationale en cours.

L’importance de la contribution de l’ICE est indéniable. Une plate-forme comme la Revue communiste internationale ou l’analyse du capitalisme vert en sont de bons exemples. Le fait de pouvoir faire voyager des camarades et de rencontrer d’autres partis ou de lire des documents de ces conférences a été une grande réussite. Dans notre pays, où les forces opportunistes sont extrêmement fortes, le fait d’avoir ces tribunes a été utile pour former des cadres en apprenant des débats et des positions au sein de l’ICE pour les appliquer en France. 
 L’ICE a contribué à l’échange des opinions et à la discussion substantielle sur des questions idéologico-politiques importantes. Elle a organisé des interventions sur un large éventail de problèmes de la classe ouvrière, des couches populaires et de la jeunesse. Nous considérons comme positif le travail réalisé par l’ICE pendant une longue période, avant que les désaccords profonds sur la guerre impérialiste et d’autres problèmes ne se manifestent, ayant un impact catalyseur et négatif sur son cours. Des partis de l’"Initiative" ont joué un rôle de premier plan dans le mouvement communiste international et, dans des communiqués communs proposés et signés par des dizaines de partis communistes et ouvriers du monde entier, ils ont envoyé un message prometteur. Des mobilisations de masse ont eu lieu contre les États-Unis, l’OTAN, l’UE et la guerre impérialiste, pour le désengagement des États membres de l’OTAN de la guerre et des plans généralement dangereux de l’OTAN. Notre petit parti a pu tenir en France des meetings et des actions contre l’UE avec le KKE, le TKP.

Cependant, au fil du temps et des évènements récents, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine, il est apparu que tous les partis de l’ICE ne partageaient pas la même analyse de l’impérialisme, c’est-à-dire ce à quoi veut mettre fin un communiste !

Il est nécessaire de faire le lien entre les particularités nationales et les besoins de la lutte internationale et, plus important encore, de se fonder sur des données claires et sur l’expérience des autres partis communistes dans cette lutte de classe.

L’expérience de l’ICE a été importante pour nous permettre de compléter notre analyse et de lutter contre l’impérialisme français : sa place en Ukraine, en Russie par exemple, ou au Sahel. Sans partage d’expérience, il est impossible de comprendre les caractéristiques spécifiques des différentes bourgeoisies nationales, par manque d’appréhension de leur place internationale. Les États bourgeois comme la France et l’Allemagne sont à la tête de l’Union des États impérialistes d’Europe où l’idéologie bourgeoise pénètre davantage dans tous les domaines sociaux.

En France par exemple, l’énorme importance de l’aristocratie et de la bureaucratie ouvrières dans les syndicats et les partis sociaux-démocrates a eu un réel impact idéologique sur les partis communistes. On peut évoquer la tendance au chauvinisme dans les agressions impérialistes de l’État français, couverte de rhétorique marxiste, en ne désignant que les États-Unis comme le véritable impérialiste ou la tendance au réformisme en raison de la force de l’appareil bourgeois. La formation idéologique ne peut pas se faire uniquement dans son pays, il faut être lié internationalement pour avoir la capacité de se consolider idéologiquement contre sa propre bourgeoisie et son idéologie. Il ne suffit pas de juste lire Marx et Lénine, il faut aussi utiliser le marxisme-léninisme pour consolider, analyser et mener la lutte des classes dans une société où toutes les sphères idéologiques (universités, médias, institutions politiques, etc.) sont complètement hostiles à nos conceptions révolutionnaires. La lutte idéologique est une des trois formes de la lutte de classe avec la lutte économique et la lutte politique, mais la lutte politique est la lutte principale à laquelle se subordonnent les deux autres formes, car elle concerne la question de la prise du pouvoir.

Si des leçons peuvent être tirées et si des améliorations peuvent être espérées avec le passage de l’ICE à l’ACE, elles sont sans doute dans le domaine de la lutte politique et d’une meilleure coopération et coordination des actions politiques des partis membres en direction de la classe ouvrière et contre les monopoles.

L’un des plus grands dangers pour un Parti est bien sûr de séparer la théorie et la pratique : Lorsque nous séparons, dans une organisation concrète du parti, le temps de la théorie et le temps de la lutte, nous commençons à ne plus être en mesure de répondre à la situation concrète. C’est la lutte et les conditions objectives qui imposent la théorie, et non l’inverse. C’est parce que nous avons besoin d’améliorer notre connaissance des luttes de classe avec une défaite, ou une victoire, ou un besoin de clarification sur une position politique ou idéologique, que nous avons besoin d’utiliser la théorie pour clarifier la ligne, d’une certaine manière du concret à l’abstrait et de l’abstrait au concret. Les véritables révolutionnaires se distinguent surtout par la capacité à relier les tactiques mises en œuvre à la stratégie. À toujours penser au but final, quand une politique est adoptée, même si, rapport de forces oblige, nous sommes loin de sa réalisation. La déviation intellectualiste est mortelle et a sa source aussi dans la peur ou le refus de la pratique et de la confrontation avec le réel, de la croyance que les travailleurs adhèrent au communisme sur la simple base de l’exposition de la doctrine et de la lutte des idées.

Il faut appliquer le marxisme dans le concret pour comprendre ce que sont les monopoles ou le capital financier, avec la nécessité d’utiliser des données contemporaines concrètes, la confrontation avec d’autres théories économistes utilisées par d’autres organisations et une analyse de l’impérialisme. La défense de la théorie se fait par sa « force matérielle », par la réponse concrète qu’elle peut donner dans les batailles de classe.

Dans un contexte où le géopolitisme est l’une des tendances les plus importantes de l’opportunisme, en réduisant l’anti-impérialisme à une pure lutte entre États et non pas au mode de production capitaliste basé sur des données empiriques, il est plus important que jamais de défendre notre conception avec des données concrètes.

Aux camarades de la KO (cliquez sur la vignette)