Edito
Les élections européennes qui auront lieu dans quelques semaines sont une nouvelle occasion pour les communistes de montrer ce que représente la structure qu’est l’Union européenne et le rôle que joue l’État français au sein de celle-ci.
Une alliance impérialiste avec ses contradictions
L’Union européenne constitue un exemple emblématique d’une forme avancée d’alliance entre des pays capitalistes en Europe, alliance qui a suivi différents stades de développement.
Les alliances impérialistes sont des alliances entre États, qui expriment les intérêts communs des classes bourgeoises de leurs pays membres. Les intérêts communs concernent l’agrandissement de leurs monopoles, le renforcement de leur compétitivité, et également le fait d’affronter en commun le mouvement ouvrier. Pourtant, les visées communes des monopoles des différents pays faisant partie d’une alliance impérialiste ne peuvent pas annuler l’inégalité et l’organisation de type État-nation sur laquelle repose l’accumulation capitaliste. Elles ne peuvent pas annuler l’antagonisme et les contradictions aussi bien à l’intérieur de chaque alliance qu’entre différents axes et alliances impérialistes. Alliances impérialistes et exacerbation brusque des contradictions inter-impérialistes, conduisant à la rupture des alliances, constituent les deux aspects d’une même réalité.
La coopération franco-allemande d’après-guerre a été le peloton de tête de l’Union européenne, et avait pour but le renforcement de leurs monopoles mais aussi le renforcement du capitalisme face à la partie socialiste de l’Europe. En ce sens, il est important de clarifier sans relâche le fait qu’aucune alliance impérialiste n’est permanente et stable et que toute alliance impérialiste interétatique est par nature réactionnaire.
Il est de même particulièrement important de comprendre que les relations inégales et le développement inégal sont inhérents au système impérialiste ; par conséquent la sauvegarde de relations interétatiques égales sur un terrain capitaliste ne peut pas constituer un objectif du mouvement ouvrier, le monde multipolaire pacifique est objectivement un rêve creux. De la même manière doit être perçue la coresponsabilité de toutes les classes bourgeoises de chaque alliance impérialiste quant à l’escalade de l’offensive contre la classe ouvrière.
L’UE, ce n’est pas la paix !
L’union inter-impérialiste que forme l’UE trouve dans la situation ukrainienne l’occasion de renforcer son entente de bandits. La question stratégique de l’intégration des armées impérialistes sur le territoire de l’UE se pose. Si la question de l’armée européenne est un leitmotiv extrêmement courant dans la politique européenne de la France ces dernières années, force est de constater qu’elle s’est retrouvée isolée sur ce front pendant des années. Les initiatives prises en termes d’intégration des armées de l’UE se sont embourbées dans les contradictions des pays membres. Ces contradictions sont particulièrement visibles dans les différences entre la position française, qui en tant que première puissance militaire européenne et seule puissance nucléaire en UE, pourrait prétendre à une place privilégiée dans d’hypothétiques forces militaires européennes, et la position allemande, tournée vers l’alliance militaire avec les États-Unis dans le cadre de l’OTAN, car provisoirement en retard sur le leadership militaire français. Les contradictions sont toujours le fruit de concurrences et d’ententes entre monopoles.
Lors de sa visite en Suède en janvier, Macron a rappelé la « nécessité d’avoir une Europe souveraine et une défense européenne commune ». Un accord de coopération en matière de sécurité entre la France et l’Ukraine a également été signé en février. Le budget de la défense a presque été doublé sous les deux mandats d’Emmanuel Macron. Sur les 413 milliards d’euros octroyés aux armées dans la loi de programmation militaire, près de la moitié va, en fait, à l’industrie, à des commandes d’armes et d’équipements. Macron développe l’idée de créer un fonds de 100 milliards d’euros pour la défense européenne. Les choix de la bourgeoisie française sont connus : les investissements directs à l’étranger (IDE), le mouvement de fond du capitalisme français (main d’œuvre moins chère), réorienté par le pari du capitalisme vert, de la technologie et le renforcement de l’industrie militaire.
Rupture avec l’UE !
Par conséquent, l’objectif de la rupture avec l’UE en tant qu’éléments de la lutte pour le renversement du pouvoir des monopoles doit être fermement mis en avant. Le pouvoir populaire étant une condition préalable pour que tout désengagement d’un pays d’une quelconque alliance impérialiste puisse jouer en faveur du peuple.
Dans le cadre du développement de cette stratégie résultera la mise en valeur, de la part du mouvement ouvrier révolutionnaire, des brèches dans l’UE et l’OTAN impérialistes, ce qui conduira à une véritable déstabilisation du pouvoir bourgeois au sein de chaque pays membre et de la cohésion de l’UE réactionnaire du point de vue des peuples dans son ensemble.
La campagne du PCRF aux élections européennes
C’est pourquoi, pour notre Parti Communiste Révolutionnaire de France, la confrontation et la rupture avec l’UE est indissociable de la lutte contre le capitalisme, contre le pouvoir des monopoles ; le pouvoir des travailleurs est une condition préalable pour que le désengagement d’un pays (de n’importe quelle alliance impérialiste) se fasse dans l’intérêt du peuple. Les communistes ne peuvent pas appeler à une étape de sortie de l’UE, à une étape de gouvernement « souverain fraternel et républicain » dans le cadre du capitalisme, comme le font certaines organisations, car ce serait faire fi de la dictature de classe et croire que l’on peut faire tourner la machine de l’État capitaliste pour le prolétariat. Or, l’État bourgeois doit être brisé et nous devons construire un autre État, l’État prolétarien.
Notre chemin, c’est de faire le lien entre les luttes quotidiennes nécessaires et notre stratégie révolutionnaire pour le socialisme, avec patience et détermination par la démonstration et l’expérience propre des masses, jusqu’à la compréhension que la source de tous les maux, c’est le capitalisme, que la seule voie pour en finir avec les crises et répondre aux besoins, c’est le socialisme-communisme.
Pour ces élections 2024, nous mènerons une campagne en ce sens à partir des luttes quotidiennes et des affrontements du moment. Des meetings communs seront menés avec l’Action Communiste Européenne. En France, notre Parti ne présentera pas de candidats à cause des barrières démocratiques et financières particulièrement fortes dans notre pays. Aussi, nous appelons à ne pas donner une voix aux candidats du capitalisme ou de son aménagement en déposant dans l’urne un bulletin blanc.