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L’école publique au laminoir de la réaction macronienne - Parti Communiste Révolutionnaire de France

L’école publique au laminoir de la réaction macronienne

Depuis de nombreuses années, nous cherchons, en tant que communistes, à analyser le caractère de classe que revêtent les politiques éducatives menées par les gouvernements successifs, sociaux-démocrates ou déclarés de droite. Cette analyse n’est pas toujours aisée, car au-delà de la question des moyens (les suppressions de postes n’ont quasiment jamais cessé depuis la fin des années 90), il s’agit de démontrer, derrière la façade des discours démagogiques et des annonces trompeuses, la nocivité, pour la jeunesse populaire, de réformes destructrices.

Une nouveauté est apparue récemment, avec les passages éclair, rue de Grenelle, de Gabriel Attal, puis d’Amélie Oudéa-Castera début janvier 2024, remplacée le 8 février par Nicole Belloubet : la politique ultraréactionnaire, autoritaire et répressive, voulue par Macron, au service exclusif de sa classe bourgeoise et des monopoles, s’incarne totalement et sans fard à travers les personnalités de ces ministres.

A. Oudéa-Castéra, alias « AOC », en particulier, s’est révélée immédiatement être le symbole parfait du mépris de classe appliqué à l’école publique : une ancienne directrice (grassement payée !) chez AXA et Carrefour, nommée en mai 2022 ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques dans le gouvernement Borne, qui se voit confier « en plus » le portefeuille de l’Éducation et de la Jeunesse (dont elle ne pourra s’occuper qu’à mi-temps !), et dont les premiers mots, mensongers, consistent à dénigrer l’école publique pour défendre son choix prioritaire de l’école privée !

Avant elle, Gabriel Attal avait ouvert la voie de la grande « marche arrière » souhaitée par la bourgeoisie, qui rêve du retour à l’école d’avant les années 60, celle qui laissait moins de 30% d’enfants d’ouvriers accéder aux études supérieures…

La mesure la plus emblématique de ce retour en arrière, au nom d’un prétendu « Choc des savoirs », c’est la mise en place, en collège, de groupes de niveaux en français et en mathématiques : au sortir du CM2, des gamins de 10 ans seront donc triés pour rejoindre, en Sixième, puis en Cinquième, le groupe des « faibles » ou le groupe des « moyens » ou celui des « forts ». Outre les soucis énormes d’organisation que pose cette mise en place, pour les directions et équipes de collège, Attal a fait le choix d’ignorer ce que la recherche a démontré depuis plus de 40 ans : les groupes ou classes de niveaux sont non seulement inefficaces pour régler les difficultés scolaires, mais même néfastes pour les jeunes, qui ne pourront plus progresser par l’observation de leurs pairs, et développeront un fort sentiment d’exclusion précoce, nuisible aux apprentissages.

Pour répondre à la difficulté scolaire, il faut d’abord alléger les effectifs de la classe, et donner des moyens en plus, pour que, ponctuellement, des enseignants formés et qualifiés puissent prendre en charge de tout petits groupes d’élèves qui ont besoin de soutien sur tel ou tel point vu en classe. Mais c’est le contraire de tout cela qui est prévu, puisque les effectifs par classe vont encore augmenter, que les heures de soutien disparaissent totalement en Sixième et Cinquième, que le nombre global d’heures assurées en 6ème passera de 26 à 25 heures hebdomadaires, et que le nombre de professeurs disponibles est déjà insuffisant.

Alors que les groupes de niveaux sont rejetés à la quasi-unanimité des membres de la communauté éducative, la dernière ministre N. Belloubet, autrefois membre du PS, se contente hypocritement de ne pas prononcer l’expression «  de niveaux  », mais ne revient pas sur cette mesure.

Toutes les autres mesures lancées par G. Attal relèvent soit de cette même logique de tri social soit de vieilles recettes, certaines directement empruntées au système anglo-saxon, qui n’ont jamais prouvé leur efficacité : le DNB (Brevet des collèges) érigé en barrage avant le lycée (y compris le lycée pro !), pour mieux forcer l’orientation vers l’apprentissage patronal ; le retrait d’heures d’enseignement (par exemple celui de la 2ème langue vivante, donc fermant à nouveau les portes du lycée à certains élèves) ; le redoublement sans accompagnement spécifique, donc la plupart du temps inutile ; l’uniforme qui, au Royaume-Uni par exemple, n’a jamais fait mieux réussir les élèves en difficultés…

Quant à la désastreuse réforme de la voie professionnelle, lancée sous le ministre Blanquer, elle se poursuit malgré la mobilisation des enseignants des lycée pro en décembre 2023.

Rappelons qu’en passant la formation professionnelle sous l’égide du Ministère du Travail, le ministère a dépossédé les lycées professionnels d’une grande partie de leurs heures d’enseignements (non seulement généraux mais aussi de spécialités !) au profit du temps de travail en entreprise, allongé à 8 semaines de stage en Terminale ; il a installé un « bureau des entreprises » dans chaque lycée, pour décider de la fermeture de 15% des filières en 3 ans ; et il a donné la main aux entreprises locales pour gérer les grilles horaires au gré de leurs besoins. Là, c’est le rêve d’abattre purement et simplement le Lycée Pro, pour laisser librement fleurir l’apprentissage patronal, qui est clairement à l’œuvre.

Mensonges, encore et toujours…

Face à la grève du 1er février 2024 qui s’annonçait depuis plusieurs semaines, sur les questions des salaires et des conditions de travail, G. Attal a tenté de jouer la carte de l’apaisement, non pas en direction des personnels en colère, mais plutôt en direction d’une opinion publique dont on connaît le rôle important s’agissant du devenir de l’école. Mais en stratège de la communication d’enfumage, le ministre a une fois de plus servi des chiffres trompeurs sur les postes attribués aux établissements scolaires et sur la réalité des rémunérations enseignantes.

Mensonges sur les suppressions de postes
Dans la continuité des suppressions de postes accumulées depuis 2017 (pas moins de 8381 emplois dans le second degré), 650 postes vont disparaître dans le 1er degré, et dans les collèges, les 574 postes annoncés ne sont pas des créations mais de la récupération de moyens existants (heures de soutien et Technologie en Sixième), remplacés par les groupes de niveaux évoqués ci-dessus, qui sont financés au prix d’une nouvelle augmentation des effectifs par classe.
A cela s’ajoute la suppression de 258 postes aux concours de recrutement, qui ouvrira davantage encore la porte au recrutement d’enseignants précaires, au détriment des emplois de titulaires.

Mensonges sur les salaires
Rappelons les faits connus : en près de quarante ans, la rémunération des enseignants a plongé, passant de 2,3 fois le Smic au début des années 1980, à seulement 1,2 fois en 2022. Actuellement, un professeur est payé l’équivalent d’un tiers de moins que ses collègues de la génération précédente.
En fait de « revalorisation historique », les salaires (et non pas les primes) des professeurs ont augmenté de 1,5% en juillet 2023, puis d’environ 25 euros bruts en moyenne à partir du 1er janvier 2024. Des chiffres qui suffisent à montrer leur insuffisance, si on les compare à ceux de l’inflation depuis un an.
Autre mensonge : aucun professeur ne serait recruté à moins de 2000 euros net par mois ? Faux ! Au 1er janvier 2024, un professeur débute avec 1861 euros nets, somme comprenant 22,9% de primes !

Enfin, dernière imposture, celle qui consistait, de la part de G.Attal, à jurer qu’il « emmenait l’Éducation avec lui à Matignon  », en prétendant obtenir la « bienveillance de Bercy  » (sic !). Le décret publié ce 22 février par le ministère de l’Économie, portant réduction des dépenses publiques de 10 milliards d’euros, concerne bien sûr l’école publique, qui se voit amputée de 582 millions d’euros, dont 382 auraient dû servir à rémunérer des personnels d’enseignement, d’éducation et d’accompagnement des élèves.
Cette nouvelle saignée confirme, si besoin était, que l’Éducation nationale n’est rien d’autre, pour l’État bourgeois, qu’un outil de formatage et de reproduction sociale, servant aussi de marge de manœuvre budgétaire pour ses politiques d’austérité.

Entre l’accumulation de ces mensonges et des injonctions aussi brutales qu’irresponsables, le sentiment de ras-le-bol s’est fortement accru, et les travailleurs de l’Éducation se sont massivement mobilisés le 1er février pour dire « stop au mépris » et « stop à la casse ».

Mais l’enjeu social est tel qu’une mobilisation de la jeunesse et des familles paraît indispensable pour faire reculer ce gouvernement. D’autant que, dans le contexte de crise actuelle du système capitaliste, notre bourgeoisie tente par tous les moyens de garder la main sur « son » école comme étant l’un des leviers de son pouvoir.

Libérer l’école, et lui redonner toute sa place en faveur de la jeunesse sans exclusive, nécessite donc, inévitablement, de poser la question de ce pouvoir et de son État. C’est ce que se propose de faire le PCRF avec l’ensemble des acteurs mobilisés.

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